LA VIE DE MA MÈRE
Rester proche ou non
Pierre, fleuriste, entretient une liaison avec une femme, mais ne prend pas vraiment cela au sérieux. Sa grand-mère lui passe un coup de fil, pour l’avertir que sa mère, Judith, a débarqué chez elle. Cela fait deux ans qu’il ne l’a pas vue. Comme elle s’est « évadée » de sa clinique, il tente de la convaincre de l’y ramener. Mais elle prétexte une visite au cimetière, sur la tombe du grand-père, pour retarder ce moment…
"La Vie de ma mère" est une émouvant histoire de lien. Le lien entre une mère et son fils, qui persiste malgré la maladie et malgré l'absence. Pour son premier long métrage, en forme d'échappée belle, Julien Carpentier a eue la bonne idée de réunir un duo étonnant, composé de William Lebghil (le fils) et Agnès Jaoui (la mère). Le premier est tou juste parfait dans ce rôle de jeune adulte préoccupé par la vie qu'il a commencée à construire, et tâchant de se protéger de cette mère envahissante et sans limites apparentes. La seconde trouve ici l'un de ses meilleurs rôles, de femme bipolaire, maladroite dans l'expression de ses sentiments.
Après avoir introduit le personnage de la mère, par un plan s'initiant derrière elle, cadrant sa chevelure rousse, et permettant de capter dès cette première approche l'agitation du personnage, la mise en scène de Julien Carpentier se mettra au diapason du caractère de cette femme. Parce que c'est elle qui va imposer le rythme du récit, le fils servant de frein, au sein d'une efficace histoire qui questionne le manque et l'absence. Tel un mouvement de yoyo, reflet des humeurs du personnage central, de moments de dérapages en bouffées d'air, "La Vie de ma mère" devrait bouleverser les spectateurs, comme ce fut le cas à Angoulême en août dernier, où il a reçu le Valois du public.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur