LAST SWIM
L’épée de Damoclès
Ziba est une brillante lycéenne londonienne, sur le point d’entrer dans une grande université, l’UCL, en section astrophysique. Mais alors que l’été se termine et que sa mère l’emmène au lycée pour récupérer ses notes définitives, et qu’elle a la joie de retrouver ses ami(e)s, le médecin appelle sa mère et leur annonce que les résultats sanguins de Ziba ne sont pas bons et qu’il faudra qu’il la voit dès le lendemain. Visiblement contrariée par cette nouvelle, Ziba emmène ses trois amis dans une virée qui devrait se terminer par l’observation d’une pluie de météorites, phénomène qui n’est visible au mieux que tous les 40 ans…
Film d’ouverture de la section pour ados, Generation 14Plus du Festival de Berlin 2024, "Last Swim" ("Une dernière nage") est un drame dans lequel brille un personnage solaire : celui de Ziba, jeune femme sur le point d’entrée à l’université. Une perspective qui est explicitée en une scène d’introduction où celle-ci passe un entretien dans un bureau richement décoré, avec un homme qui lui pose des questions sur ses motivations et sur l’astrophysique. S’ensuit une scène courte, filmée sous la surface de l’eau, où l’on aperçoit quelqu’un plongeant, puis Ziba dont le corps émerge brutalement d’une baignoire. Une scène qui s’avérera un symbole de cette potentielle dernière respiration que constituera cette journée en bonne compagnie.
Un peu à la manière des films sur les dernières choses à faire avant de mourir ("Ma vie sans moi", "La Chambre des merveilles"), mais libéré de leur systématique, "Last Swim" suit ainsi son héroïne (formidable Deba Hekmat) dans un épanouissement qui passe par différentes étapes ou gestes, impliquant pour certains ses amis et celui qu’elle connaît a peine et qu’ils embarquent au passage. La mise en scène saisit l’élan de vie de ce groupe de jeunes, que ce soit dans une remarquable échange autour d’un sandwich (ou la caméra tourne, ralentissant lorsqu’elle s’accroche à un visage, avant de passer au suivant…), dans une baignade improvisée au ralenti, ou des moments plus planants, enrobés de musique. Même si certains dialogues restent un peu simplistes (le sentiment de culpabilité face au mensonge, au vol, au fait de donner la mort…), Sasha Nathwani réussit avec "Last Swim" un beau portrait d’une jeune femme en sursis, qui au fil d’une seule journée, retarde le moment d’une décision fondamentale : rester dans le déni ou faire face, baisser les bras ou se battre à nouveau. Émouvant.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur