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THE ADAMANT GIRL

Un film de P.S. Vinothraj

Un road movie tendu, qui en dit long sur la condition de la femme en Inde

Promise à Pandi, Meena est en réalité amoureuse d’un autre, d’une caste inférieure. Décidée à ne plus parler, sa famille la croit possédée. Elle est alors embarquée de force, avec des membres des deux familles, pour subir un exorcisme…

"The Adamant Girl" s’ouvre sur de très beaux plans nocturnes, une jeune femme se lavant en extérieur avant de retourner chez elle, prendre soin de son petit frère. La caméra la suit de dos, entourée des bruits d’oiseaux déjà éveillés, l’observant à contre jour pratiquer une prière, agenouillée au sol. Une fois le jour levé, cette jeune femme va devenir une figure de martyr, au fil d’un long métrage en forme de road movie dans la campagne indienne, vers un lieu où se pratiquent des exorcismes, qui ne semblent cependant au final concerner que la gente féminine. Les hommes prennent une moto, tandis que les femmes embarquent à l’arrière d’un petit taxi, conduit par un homme et à bord duquel la famille a emmené un coq, élément essentiel du rituel. Guidant l’ensemble sur des routes bordées d’une végétation envahissante, il y’a Pandi, le promis, jeune homme fier, persuadé que la morale est de son côté, et peu à peu hors de contrôle.

S’intéressant à la violence des hommes, qui considèrent la femme comme leur propriété, voyant dans la moindre attitude un irrespect, une immoralité ou une provocation, le scénario dépeint une société à la fois immuable et pleine d'hypocrisie. D'autant que les deux familles sont certes superstitieuses, mais elles restent aveugles aux présages entravant leur périple (une procession pour un mariage, un taureau immobile au milieu de la route...). Jouant sur justement l’ambiguïté du mutisme de la jeune femme, qui lance un regard et un sourire inattendus à son petit frère lors d’un moment de répit, "The Adamant Girl" possède des qualités esthétiques indéniables avec quelques plans magnifiquement construit (toute l'introduction, les efforts masculins dans la manière de faire demi-tour sur une route étroite, la vision de motos surchargées de jarres en plastiques de multiples couleurs...). Si la mise en scène de P.S. Vinothraj (découvert avec "Pebbles") soigne les montées en tension, la réussite du métrage doit beaucoup à des acteurs imposants et à des scènes de groupes particulièrement réussies, qui mettent en avant tout le ridicule de ce trajet autoritaire.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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