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LA TÊTE FROIDE

Une dangereuse spirale, portée par Florence Loiret Caille

Marie, la cinquantaine, vit seule dans un mobile home à Briançon, où lui rend parfois visite sa fille étudiante à Grenoble. Serveuse deux fois par semaine dans une boîte de nuit, elle tente de se sortir de problèmes d’argent en achetant des cartouches de cigarettes et les revendant au noir côté français, évitant les contrôles à la frontière grâce aux indications de son amant, un policier des douanes. Mais un jour, sur la route, elle croise Souleymane, un migrant, qui lui demande d’emmener une femme enceinte à l’hôpital…

Un an après l'excellent "Les Survivants" de Guillaume Renusson, également passé par les festivals d'Angoulême et de Sarlat, sort sur nos écrans un autre long métrage, "La Tête froide", traitant du passage des migrants à la frontière entre l'Italie et la France. Cette fois les genres sont inversés et ce n'est plus un homme (Denis Ménochet) qui aide une migrante orientale à traverser, mais une femme (Florence Loiret Caille), qui aide un migrant africain, puis met le doigt dans un engrenage dangereux en jouant les passeurs histoire d'arrondir ses fins de mois. Le point de départ est certes le même, mais les sujets traités, comme le traitement du film, sont foncièrement différents.

Ainsi, alors que Guillaume Renusson adoptait une tonalité de thriller, privilégiant l'action (descente de police dans un squat, violence des milices défendant la frontière...), Stéphane Marchetti choisit de faire le portrait d'une femme aux abois, s'enfonçant dans une spirale de mensonges et petits arrangements pour survivre, dépeignant les rouages du passeur et l’exploitation de la misère humaine qui va de paire. Cela donne un film où la tension est aussi palpable, et dans lequel le personnage féminin, peu empathique de prime abord, finit par toucher, se mentant à elle-même en jurant, à la manière d'une droguée, qu'elle va bientôt raccrocher. En femme prise dans cette spirale, Florence Loiret Caille, prix d'interprétation féminine au dernier Festival de Sarlat, est tout juste bluffante, entre comportements borderlines et inconscience. On est forcément séduits par son immense interprétation, comme par le regard d'un réalisateur à suivre.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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