Festival Que du feu 2024 encart

SIROCCO ET LE ROYAUME DES COURANTS D'AIR

Un film de Benoît Chieux

Entre magie et émotion

Carmen et Juliette, deux sœurs, sont confiées par leur mère à leur voisine Agnès. La plus petite, feuilletant un des romans écrits par celle-ci, voit un étrange jouet en bois sortir du livre. Alors que celui-ci dessine une marelle magique au sol, afin de retourner dans son univers, elle décide de le suivre et entraîne sa sœur dans son aventure. Dans ce monde à part, dénommé le Royaume des Courants d’Air, celles-ci se retrouvent transformées en chats, et se retrouvent face à des créatures étranges et se retrouvent rapidement séparées…

Sirocco et le royaume des courants d'air film animation animated feature movie

Premier long métrage réalisé en solo par Benoît Chieux, co-réalisateur de "Tante Hilda", mais également auteur de courts métrages remarqués comme "Le Tigre à la queue leu leu" et "Le Tigre qui s’invita pour le thé", "Sirocco et le Royaume des courants d’air" aura constitué une bien belle ouverture lors du dernier Festival d’Annecy. S’ouvrant sur une générique visuellement envoûtant, fait de traits bleu clair et alliant nuages sur fond bleu, le film nous présente rapidement, grâce à la voix-off de l’écrivaine, Agnès (chez qui les deux filles sont déposées par leur mère), la légende du sorcier Sirocco, seigneur des tempêtes, plongé dans la solitude et la colère. Et au travers du scénario, co-signé par Alain Gagnol ("Phantom Boy", "Nina et le secret du hérisson"), c’est justement cette figure que les deux filles devront affronter afin de pouvoir retourner dans leur monde.

Benoît Chieux crée ici un univers à la fois merveilleux, intrigant et poétique, constitué quasi uniquement de courbes, afin qu’il s’en dégage une certaine douceur, malgré les dangers qui menacent les deux filles. Car lorsqu’elles se retrouvent séparées, Carmen est condamnée à épouser le fils du chef, alors que Juliette devient la dame de compagnie d’une cantatrice prénommée Selma. Dans ce monde qui fait penser à l’univers d’Hayao Miyazaki, par la simplicité apparente du trait de son dessin et des décors, mais aussi par sa magie, le souffle a une importance fondamentale, qu’il s’exprime sous forme de vent (que maîtrise le fameux magicien Sirocco, censé lancer des tempêtes), d’étranges murmures captés en haute altitude, de chant ou de paroles.

Les filles vont ainsi traverser une étrange ville faite de pièces de maison empilées, d’escaliers et de passerelles défiant toute logique, croiser un œuf téléphérique, des dirigeables crocodiles, du personnel en sorte de pélicans bleus au design très « Jean Paul Gauthier »... Les figures d’animaux, ici déformées et hybridées, servent d’ailleurs autant à définir des personnages que des moyens de locomotion. Inspiré, Benoît Chieux insuffle à l’ensemble une réelle poésie, au travers de paysages sublimes (montagnes, déserts…), ou de le représentation d’une tempête multicolore. Alliant à la magie, un petit humour absurde porté par le charabia du jouet détraqué, et surtout un discours sous-jacent sur l’amour entre sœurs, "Sirocco et le Royaume des courants d’air" dispose aussi de véritables moments de grâce, lors du récital de Selma (le compositeur est Pablo Pico) ou du contact avec la « frontière des murmures ». Un film d’animation, récompensé par le Prix du Public du Festival d’Annecy, qui dans son ensemble, devrait enchanter petits comme grands et s’avère une parfaite évasion pour Noël.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

BANDE ANNONCE

À LIRE ÉGALEMENT

Laisser un commentaire