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AVANT QUE LES FLAMMES NE S'ÉTEIGNENT

Un film de Mehdi Fikri

Comme un air de déjà-vu…

Malika est la grande sœur d’une fratrie composée d’une petite sœur, Nour, d’un petit frère Karim, et de deux grands frères Driss et Adel. Suite à une interpellation par la police, Karim décède. Sa sœur et sa famille se battent alors pour obtenir justice face à la mort du jeune homme. Cette bataille que mène Malika pour obtenir un procès n’est pas sans conséquence sur l’harmonie familiale…

Avant que les flammes ne s'éteignent film movie

Ce premier long métrage réalisé par Mehdi Fikri est un drame politique qui prend le parti des victimes de violences policières. Il n’est pas basé sur une histoire vraie, mais relate ce qu’ont pu vivre dernièrement les familles des défunts pour cause de violences policières en France.

L’exposition du film est assez courte, ce qui nous permet d’entrer dans le vif du sujet directement, avec l’appel que reçoit Malika qui l’informe de l’état de santé critique de son frère. Dès ce moment-là, lorsqu’elle se rend à l’hôpital, les confrontations avec la police sont virulentes, Malika n’est même pas autorisée à rendre visite à son frère. C’est lors d’un appel d’autre de ses frères qu’elle voit à travers la vitre, qu’elle apprend le décès de Karim, et décide de mener une bataille pour obtenir un procès qui révélera la réalité sur le décès de son frère. Le film prend le parti de montrer les violences policières du point de vue des victimes. Il ne soulève par contre nullement les conséquences des affrontements et des émeutes qui ont lieu. On peut alors considérer que le scénario adopte s’avère relativement partial, le seul point de vue choisi étant donc celui des victimes qui se battent pour obtenir la justice.

La mise en scène n’a rien de nouveau ou d’original, une lumière tamisée est préférée pour les moments tristes en famille, et une lumière plus vive est utilisée pour les moments un peu plus joyeux ou lors des disputes. Le réalisateur fait le choix d’utiliser beaucoup de gros plans, qui ont du sens, car le langage corporel et les expressions faciales parlent plus que des mots dans certaines situations. Quelques séquences chantantes viennent ponctuer le film, la première a lieu lors de la veillée avec une prière, la seconde est réalisée dans la voiture lorsque Malika est avec son mari et ses frères et qu’ils chantent joyeusement. Quant à la dernière séquence chantée, elle prend place durant l’enterrement de Karim, avec une prière chantée par une femme. Ces séquences permettent de rendre ces moments forts en émotions, sans l’utilisation des dialogues qui auraient été de trop.

Concernant le jeu de Camélia Jordana, il est appréciable dans la globalité du film, mais lors des séquences de dispute, la crédibilité de la comédienne est plus relative, les émotions qui doivent découler de ces scènes n’étant pas au rendez-vous à chaque fois. En effet, l’actrice ne va pas assez loin dans son jeu pour explorer et exploiter de façon crédible les émotions comme la colère ou la tristesse. Les autres acteurs et actrices font preuve d’une interprétation efficace sur toute la durée du film, y compris dans les séquences délicates de disputes ou de tristesse.

Le film se termine avec une fin ouverte. La dernière séquence [ATTENTION Spoilers] est celle du procès de son grand frère qui écope de deux ans de prison ferme pour agression sur un policier. Contrairement au début de film, ici le désarroi et la colère des proches de la famille s’exprime de manière pacifiste avec la phrase « on n’oublie pas, on pardonne pas ». De plus, c’est à Nour de prendre la parole auprès de la presse, car Kamila est bloquée dans la foule de personnes qui manifestent. Cela permet à la jeune fille de s’exprimer sur un sujet qui la touche et de ne plus avoir besoin de sa grande sœur pour l’épauler. Le film se termine sans que l’on sache si les policiers qui ont abattu Karim sont condamnés ou non. Un choix qui a du sens lorsque l’on voit les images d’archives des manifestations récentes concernant les victimes d’agressions policières. Cette fin souligne la volonté du réalisateur de montrer que le combat contre les violences policières est loin d’être terminé. C’est une cause actuelle pour laquelle il faut encore se soulever et manifester, afin que les choses changent et que les responsables de violences injustifiées soient condamnés.

Agathe RevironEnvoyer un message au rédacteur

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