FLO
Un portrait entre émotion et combativité
Enfant déjà, Florence Arthaud était douée pour la voile. Devenue une jeune adulte, après un accident de voiture et une importante rééducation, contre l’avis de son père, elle tente de se rapprocher des navigateurs qu’elle admire, espérant devenir, elle aussi, skippeuse…
C’est le portrait d’une femme combative et indépendante, toujours tournée vers la vie et la mer, malgré tous les obstacles qu’elle va rencontrer sur parcours, que nous propose Géraldine Danon avec "Flo", passé par la cinéma de la plage à Cannes et le Festival d’Angoulême, dont le film a fait la clôture. Femme de cinéma et de théâtre (elle a commencé à être actrice à 14 ans, et aura transformé en théâtre l’ancien Ciné 13 de Claude Lelouch, qu’elle a dirigé pendant plusieurs années), elle est aussi l’épouse de Philippe Poupon, vainqueur de la Route du Rhum en 1986, que remportera plus tard Florence Arthaud. Ayant connu personnellement celle-ci, elle se permet quelques hypothèses (sur l’accident de voiture, sa liaison avec certains marins…) et affirme elle-même que son biopic est en parti romancé, à la manière d’une vision personnelle d’une amie.
Outre le destin hors du commun de cette battante, dont l’optimisme et la volonté semblent ici à toute épreuve, c’est l’interprétation magistrale de Stéphane Caillard (la mini série "La Guerre des mondes"...), littéralement habitée par son personnage, qui marquera les esprits. Plongée dans un milieu purement masculin, bien plus nocif finalement par son égoïsme, que le poids des sponsors ou le manque d’argent, que les coups du sort ou les dangers de la navigation, on la découvre elle aussi persévérante, buttée, frondeuse, casse cou… Jamais prête à abandonner ses rêves, qu’il s’agisse de l’intime ou de la voile, son parcours force l’admiration, tandis que la mise en scène des courses parvient à tenir en haleine et à émouvoir.
Les encouragements au départ ou l’accompagnement par les autres bateaux à l’arrivée forment ainsi de beaux moments d’émotion. Il en va de même de l’évocation, plutôt poétique, de sa chute à l’eau, qui a failli lui coûté la vie en 2011. Résolument, l’hommage à la navigatrice, comme à la femme volontaire, fonctionne, les quelques rôles masculins (comme leurs interprètes) restant volontairement évanescents. Et au final, on retiendra de ce portrait un sourire immense, des moments de fête débridés, un certain élan romantique et aventurier, qui nous suivront quelques temps après la séance.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur