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Festival Lumière 2023 : retour sur la soirée de remise du prix Lumière à Wim Wenders
Centre des Congrès de Lyon – vendredi 20 octobre 2023
Amphithéâtre 3000
La fête à Wim
Après une semaine de célébrations autour du cinéma, le temps était venu de fêter l’un de ses auteurs mis en lumière cette année par le festival. Ce vendredi 20 octobre au centre des congrès de Lyon se tenait donc la fameuse et tant attendue fête à Wim. Wim Wenders, le réalisateur d’une « trentaine à cinquantaine de films selon si l’on compte les courts également » pour le citer, metteur en scène de pas moins de deux longs-métrages cette année, le documentaire "Anselm (le bruit du temps)" sur l’artiste plasticien allemand Anselm Kiefer et "Perfect days" une fiction autour d’un agent d’entretien des toilettes publiques de Tokyo, pour laquelle Koji Yakusho, l’acteur principal, a reçu le prix d’interprétation masculine au dernier festival de Cannes, était donc présent pour recevoir le prix Lumière 2023, un prix honorifique obtenu sans compétition. Ce qui lui a permis de déclarer : « J’ai reçu beaucoup de prix dans ma vie, mais celui-ci c’est différent, c’est le prix du cinéma ».
Un hommage en musique
La soirée débute pour nous avec une tentative de trouver une place plus ou moins dans l’axe de la scène. Car la salle est pleine, comme toujours depuis le début de la semaine. Les invités venus participer de manière plus ou moins active à la cérémonie arrivent les uns après les autres, en tout petit, devant les photographes sur le qui-vive, placés au pied de la scène, puis en plus grand sur l’écran de l’amphithéâtre.
Après quoi, la soirée démarre avec un hommage au documentaire de 1999 de Wenders "Buena Vista Social Club". Le Colectivo Caliente de Lyon entame un « Chan Chan » qui réchauffe et rappelle ce film si beau qui raconte Cuba et ses artistes habités par sa musique, tombés dans l’oubli avant d’être ressuscités, leurs chansons propulsées dans le monde entier grâce à l’enregistrement d’un album mythique.
Puis la musique continue avec l’arrivée de Laurent Petitgand, compositeur des "Lumières de Berlin", sorti en 1995, qui interprète au piano l’un des airs du film. Thierry Frémaux enchaîne ensuite avec un traditionnel hommage aux frères Lumières, montrant quelques films restaurés que l’on parvient à identifier comme appartenant aux inventeurs du cinéma, grâce aux perforations rondes et non carrées que l’on trouve sur les côtés de la pellicule.
L’ami allemand
Enfin, un micro se faufile jusqu’à la place centrale occupée par Wenders, et le voilà qui entre en jeu de sa voix mesurée. Dans un français parfait qui lui donne toute latitude pour faire des traits d’esprits, il commente les différentes photographies projetées à l’écran, issues des trois expositions actuellement visibles à Lyon dans le cadre du festival. « Voici Isabella Rossellini et Martin Scorsese, le pneu de leur voiture avait crevé et on était allés les chercher. Ils se sont mariés l’année d’après, je ne suis pas coupable ! ». Photo suivante, « Là, c’est Kurosawa qui rit », photo suivante, « Et là, c’est le premier plan de "Paris, Texas" ».
Arrêt ensuite sur une photo très belle d’une jeune femme au premier plan dans une cabine téléphonique, un coucher de soleil laissant se découper au second plan le profil d’un dinosaure sûrement issu d’un parc d’attraction anonyme. Cette photo qui n’est pas tirée d’un film, a une histoire tout aussi intéressante : « "Paris, Texas" était une co-production franco-allemande. Je cherchais un premier assistant et la production française m’a envoyé quelqu’un. J’étais un peu septique, mais je suis allé l’attendre à l’aéroport, et là j’ai vu apparaître une toute petite femme, minuscule. C’était Claire Denis. Elle a sauvé "Paris, Texas" et "Les ailes du désir". C’était la plus grande assistante qu’un réalisateur pouvait avoir. ».
La soirée d’hommage se poursuit, Vincent Lindon lit un texte de Wim Wenders sur son amour de Bergman et d’Antonioni, puis Jeanne Cherhal interprète au piano/voix "Perfect days" de Lou Reed, de la bande son du film éponyme de Wenders. Le réalisateur mexicain Alfonso Cuarón se lance dans un petit discours spontané sur le cinéaste allemand, Aurore Clément, actrice dans "Paris, Texas", lit un beau texte hommage se soldant par un tendre « Nous sommes votre ami, cher Wim », le scénariste et Prix Nobel de littérature, Peter Handke joue un petit air d’harmonica, et l’acteur fétiche Rüdiger Vogler accepte de sortir de son mutisme pour déclarer : « Je trouve que tout a déjà été dit ce soir ». Un entourage à l’image du personnage, poète, facétieux et humble.
Wenders ne pleure pas en récupérant son prix qu’il dédit à une foule de personnes en finissant par sa femme, Donata Wenders, à ses cotés sur scène. La cérémonie se conclut par une nouvelle apparition du Colectivo Caliente qui interprète « Candela », puis après le départ de l’ami allemand, par la projection de son film de 1977 "L’ami américain".