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UNE FEMME SUR LE TOIT

Un film de Anna Jadowska

La femme, la vieille et la prolo

Mirka, sage-femme d’une soixantaine d’années, commet un matin ce qui peut apparaître comme l’irréparable, un geste qui va changer sa vie : après avoir comme tous les jours étendu son linge et préparé son déjeuner, Mirka va braquer une banque, armée de son couteau de cuisine…

Une femme sur le toit film movie

"Une femme sur le toit"est l’histoire d’un geste, d’un coup de folie. L’histoire d’une femme d’une soixantaine d’années, croulant sous les dettes. Porté par une actrice irréprochable du début à la fin, dépeignant une femme écrasée par la solitude et le poids du temps, le film explore avec pudeur l’itinéraire d'un être en perdition.

Paradoxalement très lumineux (avec des plans larges, dans les gris/blancs, qui donnent un aspect très aseptisé à l’image), le film retrace un parcours beaucoup plus sombre. En effet, "Une femme sur le toit" ne peut se lire qu’à travers un contexte. L’héroïne se retrouve isolée tout au long du film, peinant à trouver réellement un interlocuteur ou une interlocutrice à qui parler : son mari ne la considère pas, son fils non plus. Cet isolement nourrit son geste et est nourri par lui. Considérée comme une criminelle de haute importance, Mirka va vivre des jours en prison, des semaines en hôpital, toujours ballottée par les évènements qu’elle ne contrôle plus.

Par un geste, à la fois élan du désespoir poussé par la nécessité - les dettes qui s’accumulent, la hausse du coût de la vie en Pologne -, et cri de rébellion pour se sentir vivante, Mirka va plonger dans une spirale angoissante et surtout déshumanisante. La solitude du personnage, les attaques qu’elle semble subir de toute part, procurent un fort sentiment de mal-être, ajouté à la frustration d’avoir l’impression qu’elle ne s’en sortira pas. Le film évite toutefois une fin trop sombre, en intégrant une mince touche d’espoir : la femme s’est réveillée, la vieille s’est acceptée, la prolo s’est libérée.

Un film pas forcément inoubliable, mais une esthétique et un jeu qui valent le détour, pour dresser un portrait touchant et sincère d’une femme à la recherche de prises sur son monde.

Valérian BernardEnvoyer un message au rédacteur

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