LES TOUROUGES ET LES TOUBLEUS
Pour faire aimer les couleurs
Sur une planète lointaine, deux populations voisines s’ignorent et se méprisent : les Tourouges et les Toubleus. Tout va changer quand Jeannette et Édouard vont se rencontrer…
La société londonienne Magic Light Pictures s’est trouvée une spécialité très précise : les courts métrages d’animation adaptés des livres de jeunesse écrits par Julia Donaldson et dessinés par Axel Scheffler. Depuis "Le Gruffalo" en 2009, se sont succédés entre autres "La Sorcière dans les airs", "Monsieur Bout-de-Bois" ou encore "La Baleine et l’Escargote". Voici donc une dixième adaptation avec "Les Tourouges et les Toubleus", réalisé par Daniel Snaddon (déjà aux manettes de trois précédents films de Magic Light Pictures) et Samantha Cutler (qui signe pour sa part sa première réalisation après une activité d’animatrice au sein de cette même société et aussi plus récemment sur le long métrage "Seal Team").
La recette reste globalement la même : une animation 3D aux allures de pâte à modeler, une narration rimée, et évidemment un joli conte fait de rencontres, d’humour et de tendresse. Les adultes trouveront probablement que le récit est prévisible, mais l’essentiel est ailleurs : dans le message explicite en faveur de la tolérance, permettant d’aborder avec les plus jeunes les thématiques du racisme et du communautarisme (les adultes penseront peut-être à la chanson "Les Crayons de couleur" de Hugues Aufray…). Tout le monde s’amusera à se moquer de la méfiance ridicule entre les deux groupes de personnages, au sein d’un univers extra-terrestre plein de couleurs et de drôleries.
On sera moins emballés par deux des très courts métrages qui sont proposés avant "Les Tourouges et les Toubleus" – notons qu’aucun n’est produit par Magic Light Pictures. Le programme s’ouvre avec "Sous les nuages" (4 minutes), de la Russe Vasilisa Tikunova : certes poétique et esthétiquement séduisant, ce récit d’un agneau rêveur est toutefois trop confus. Suit une autre histoire de rêve, "Somni" (3 minutes ; sélectionné à la Berlinale 2023) de l’Allemande Sonja Rohleder (coréalisatrice de "L’Odyssée de Choum"), avec un petit singe qui, au moment de s’endormir, tombe dans un monde étrange dont la noirceur et l’ambiance musicale ont de quoi effrayer les plus jeunes. Heureusement, avant le film principal, on s’amuse bien plus avec "La Fiesta" (3 minutes), épisode d’une série animée sud-américaine intitulée "Dos Pajaritos", et qui met en scène des oiseaux espiègles souhaitant se faire accepter dans une soirée à laquelle ils ne sont pas conviés. Créatif et absurde, ce film provoque aisément le rire et donne envie d’en voir d’autres avec ces drôles de volatiles !
Raphaël JullienEnvoyer un message au rédacteur