SWEET AS
Une authenticité bancale mais des ados attachants
Murra, une adolescente aborigène, vit en Australie-Occidentale avec sa mère. Leur relation est conflictuelle et à la limite de la maltraitance. L’oncle de Murra, un policier, la recueille et l’inscrit dans un safari-photo organisé pour des jeunes à risque…
Soyons franc, le scénario n’est pas le point fort de ce film au demeurant sympathique : une introduction un peu bâclée, des rebondissements prévisibles, un safari-photo dont les contours restent flous, une vraisemblance discutable concernant la rapidité de développement des complicités, et diverses autres incohérences (par exemple les accompagnateurs qui paniquent quand ils perdent un des jeunes… puis qui abandonnent volontairement tout le groupe !?).
Malgré tout, ce film de coming-of-age ne manque pas de saveur, notamment grâce à la tendresse dont la réalisatrice fait preuve pour filmer ses personnages. L’attachant quatuor d’adolescents séduit plus que les adultes qui les prennent en charge. Même s’ils correspondent à divers stéréotypes, ils s’avèrent plus subtils que ce qu’ils dégagent en apparence – bref, d’authentiques ados…
Côté mise en scène, outre la capacité à mettre en valeur les paysages sauvages australiens, la meilleure idée consiste à montrer plein cadre les photos que prend le personnage principal et à y ajouter un titre manuscrit que la jeune fille donnerait à chaque cliché. Ces titres, emprunts d’une grande sensibilité, illustrent son état d’esprit et son évolution au fil du récit. Quand arrivent, lors du générique de fin, les photos prises par la réalisatrice elle-même quand elle était ado, l’histoire devient encore plus touchante car on comprend que le récit s’inspire librement de son propre vécu. S’ajoute toutefois, au même moment, une certaine perplexité : pourquoi le film paraît-il si peu crédible sur certains points ?
Raphaël JullienEnvoyer un message au rédacteur