LAST DANCE !

Germain, un septuagénaire que plus grand-chose ne fait sourire, doit affronter la soudaine mort de son épouse. De ce postulat dramatique, le nouveau film de Delphine Lehericey ("Le Milieu de l’horizon") ne va cesser de s’en éloigner, invitant de la lumière dans son récit pour tendre vers une comédie douce-amère. Alors que sa vie sans femme pourrait se résumer à une existence sans sens, le protagoniste va se lancer un défi en tenant une promesse faite à sa conjointe : terminer le projet qu’elle avait initié, même s’il s’agit de rejoindre une compagnie de danse contemporaine, lui qui a plus pris l’habitude de lover ses pieds dans le canapé que de les bouger en rythme. Évidemment, la métaphore est explicite : le corps pour exorciser ses peines, la danse comme un moyen d’expression silencieux. Mais cela n’empêche pas celle-ci de parfaitement fonctionner, notamment grâce à un François Berléand qu’on n’avait pas vu aussi rayonnant depuis longtemps.

Orchestré par la chorégraphe de renom Maria Ribot, dite La Ribot, le métrage va trouver son énergie et son cœur dans le processus de fabrication de ce ballet. Les tracas du quotidien, du deuil difficile aux excès d’une famille ne parvenant pas à reconnecter avec le patriarche, sont ainsi balayés au profit des séquences sur scène. Si certains pourront trouver que ces éléments tragiques sont trop vite éludés, cela permet à cette dramédie de se focaliser sur une renaissance, celle d’un homme dont les a priori vont s’effondrer pour s’abandonner à un univers dont il ignorait tout. De cette reconstruction, la cinéaste en tire une œuvre tendre et sensible qui a amplement mérité son Prix du Public au Festival de Locarno. Et qui permet également d’admirer le déhanché d’un des acteurs français les plus populaires !