NINA ET LE SECRET DU HÉRISSON
Une héroïne, une vraie
Nina aime écouter chaque soir les histoires que lui raconte son père. Ils imaginent un hérisson qui découvre le monde. Un soir, le père de Nina est préoccupé par des histoires plus sérieuses liées à son travail. Heureusement, il y a Mehdi, le meilleur ami de Nina. Et si le trésor caché dans la vieille usine pouvait résoudre tous leurs problèmes ? Commence alors une grande aventure où il faut échapper à la vieille voisine et à son chat Touffu, déjouer les pièges du gardien et embobiner son gros chien… Heureusement, ils peuvent compter sur le petit hérisson pour mener l’enquête à leurs côtés !
Cette année, les films d’animation mettant en scène de jeunes personnages (en général une jeune fille) qui parviennent à transcender le quotidien (ou leurs traumas) par le pouvoir de l’imagination ont pullulé au Festival d’Annecy, et avec des résultats pas toujours très enthousiasmants. "Nina et le Secret du hérisson" échappe à cette étiquette de par une caractéristique vraiment maline : un enjeu de chasse au trésor sur fond d’enjeux sociaux, qui parallélise ainsi la quête initiatique d’une petite fille avec les problèmes que rencontre son père dans son travail. C’est la force principale du film : ne pas limiter la percée du divertissement dès lors que le réel se met à rattraper la fiction. Confronter l’enfant à la dureté de la vie (mais sans pathos), témoigner des injustices sociales sans pour autant s’enfoncer dans le militantisme poids lourd, creuser les rapports humains autant que possible, et finalement faire transiter un vrai message d’espoir au travers du point de vue de la jeunesse : cela pourrait paraître naïf, mais les reproches ne pèsent pas lourd quand la subtilité est au rendez-vous.
Qu’importe l’allure ultrabasique du graphisme (c’est surtout la prédominance des couleurs vives qui fait ici sensation), la seule habileté avec laquelle les deux réalisateurs (ceux du sympathique "Phantom Boy") tiennent leur audience en haleine tout en les divertissant par des péripéties qui surprennent suffit à emporter l’adhésion. Et la figure de l’hérisson, ici présentée comme un moyen de détourner l’attention, devient ce petit oracle imaginaire qui guide (in)consciemment une jeune et touchante héroïne sur le point de prendre sa vie en main et de redonner des couleurs à celle de ses parents (ici doublés par Audrey Tautou et Guillaume Canet). En l’état, tout s’y fait mignon, souvent drôle, et habité jusqu’au bout par une vraie démarche humaniste.
Guillaume GasEnvoyer un message au rédacteur