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LA FLEUR DE BURITI

L’amour de la forêt

Patpro, un enfant de la communauté indienne Krahô va découvrir trois époques clés de l’histoire de son peuple. Et celle-ci s’est souvent réduite à un combat pour préserver leur liberté, et assurer leur survie…

La Fleur de Buriti film movie

Au premier abord, on pourrait aisément penser que "La Fleur de Buriti" est un documentaire, à voir la caméra se balader au sein de la communauté des Indiens Krahô et nous faire découvrir leurs us et coutumes. Pour autant, si celui-ci est extrêmement documenté, et par essence immersif, il s’agit bien d’une œuvre de fiction, les situations présentées étant dictées par un scenario. Si certains préfèrent l’oublier, l’Amazonie (dont le surnom « Poumon vert » devrait à lui seul rappeler à tous à quel point il est important de la protéger) souffre au fur et à mesure des différents mandats politiques de nombreuses atteintes. Et ce n’est pas l’ère Bolsonaro, et sa grande stratégie de déforestation, qui est venue arranger les choses. Depuis des décennies, sous prétexte des nécessités du capitalisme, les peuples autochtones se voient ainsi régulièrement attaqués et menacés dans leur habitat.

Dans ce film, reparti avec le Prix d’ensemble du Certain Regard 2023 au dernier Festival de Cannes, il n’est en aucun cas question de caricaturer la situation de ces amérindiens pour bâtir l’ensemble sur une opposition manichéenne : les gentils sauvages versus les méchants capitalistes. Tout le métrage est bien plus subtil, plus intelligent, nous plongeant pleinement au sein d’une culture dont nous ignorons tout, mais dans laquelle les indiens ont complètement conscience du monde moderne. Expérience sensorielle, ce drame au cœur de la jungle est avant tout un voyage unique, un trip poétique où des chants et rituels peuvent vous faire avoir la larme à l’œil.

Évidemment, "La Fleur de Buriti" fait partie de ces projets exigeants, où le rythme lent et l’étirement des séquences peut en rebuter certains et plonger d’autres dans le sommeil. Parfois plus proche de l’ethnographie que des règles du 7ème Art, ce témoignage n’est pas seulement porté par une curiosité occidentale, mais surtout par une volonté de nous montrer que menacer ces individus, c’est aussi nous frapper nous. Et plutôt que de se contenter d’apprécier le folklore local, les deux réalisateurs (déjà auteurs du "Chant de la forêt") transforment leur essai en un pamphlet militant nous invitant, non pas à nous inspirer de leur notion du vivre ensemble, mais à faire en sorte que celle-ci puisse perdurer, au même titre que les autres modèles plus répandus dans le monde.

Jamais au-dessus, mais toujours avec eux, le film refuse toute forme de pitié malvenue pour nous raconter un récit vibrant et engagé. En lui offrant une exposition forte, le Festival de Cannes 2023 s’engage dans une démarche face à laquelle on ne peut qu’acquiescer.

Christophe BrangéEnvoyer un message au rédacteur

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