ÉLÉMENTAIRE
Une animation bluffante pour des enjeux qui resteront restreints
Arrivée il y a déjà des années, lorsqu’elle était bébé, avec sa famille de flamboyants à Element City, la jeune Flam tient régulièrement le magasin de son père. Plutôt douée et décidée, elle « explose » parfois face à des clients plus pénibles que les autres ou dans des situations de stress. Alors que le sous-sol est soudainement inondé, elle fait la connaissance de Flack, un aquatique qui a tendance à pleurer à la moindre émotion…
Le nouveau Pixar, présenté en clôture du dernier Festival de Cannes, et bientôt en séance événement au Festival d’Annecy, permet aux experts du genre de franchir un nouveau pas dans l’innovation en termes d’animation. En choisissant de s’attaquer, après les 5 émotions primaires dans "Vice Versa", aux quatre éléments, le choix a finalement été fait de s’intéresser avant tout aux opposés, le feu et l’eau, en repoussant au second plan, de manière fort juste, la terre et l’air. Dans la ville d’Element City doivent donc cohabiter les flamboyants, les aquatiques, les terriens et les aériens, les deux premiers bénéficiant d’une représentation graphique novatrice qui ne cesse d’impressionner tout au long du métrage. L’héroïne, Flam, une flamboyante, comme son père et le reste de sa famille, est représentée dans toute l’instabilité du feu, aux contours sans arrêt mouvants, amputée par moments au contact de l’eau. Le héros, son compagnon d’infortune, Flack, un aquatique, est naturellement transparent, laissant ainsi percevoir des courants, une soudaine ébullition, et autres phénomènes, trahissant ses émotions.
Malheureusement, c’est exceptionnellement du côté scénario que le film ne parvient pas réellement à surprendre. Débutant sur l’installation de la famille de flamboyants à Element City, et offrant un résumé temporel d’un morceau de vie, à la manière du début de "Là-Haut", l’introduction permet tout de même de poser les différences entre éléments et la crainte qu’inspire le feu, ceux ci se voyant rejetés à divers endroits avant de s’emparer d’une maison en ruine. On peut voir là une jolie parabole sur la situation d'immigrants. Mais le récit, une fois Flam devenue une jeune adulte, se transforme en récit d’affirmation de soi qui sent un peu le déjà vu, les enjeux autour d’une fuite d’eau et de l’amour naissant entre deux êtres qui ne peuvent rentrer en contact (un principe déjà exploité dans l’univers "X-Men", comme dans la formidable série "Pushing Daisies") ne suffisant pas à tenir réellement en haleine jusqu’au bout. Restent des personnages touchants et une utilisation intelligente des capacités physiques ou chimiques du feu et de l’eau.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur