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Festival de Cannes 2023 : conférence de presse du jury
C’est devant une salle comble que le jury de Ruben Östlund est apparu après le traditionnel photo-call, avant de tenir la première conférence de presse de cette 76e édition.
Quand on leur demanda quelle fut leur réaction en recevant la proposition de siéger dans ce jury, les réactions des uns et des autres furent très différentes. Ainsi Rungano Nyoni, réalisatrice et scénariste zambienne, a cru sur le coup qu'il s'agissait d'une arnaque. Denis Ménochet a raté la peinture des fenêtres qu'il était en train de réaliser. Brie Larson a été surtout surprise puisqu'elle n’était jamais venue à Cannes. Paul Dano a trouvé que c'était un peu comme déballer un cadeau. Julia Ducournau (Palme d'or pour "Titane") a raté dix fois les coups de fils de Thierry Frémaux. Quant à Ruben Östlund, il s'est dit que cela arrivait dix ans trop tôt sans doute, mais il a trouvé intéressant de comprendre comment le public fonctionnait en se mettant dans sa position.
De la possible objectivité de leur jugement
Interrogés sur la possibilité d'être objectifs ou sur la nécessaire orientation de leur jugement en fonction de leurs goûts, seule Julia Ducournau a tenté une réponse, Paul Dano pariant au passage que dans tous les cas, nombre d’entre eux repartiraient inspirés. De son côté, Ruben Ostlünd ironisait sur un éventuel film à lui qui s’appellerait "Jury" et affirmait que dans un jury « on essaye de créer une atmosphère, mais les gens ne devraient pas avoir peur d’exprimer ce qu’ils ont au fond d’eux, sans vouloir absolument être intelligent et cultivé ».
S'ils ont sans doute la liberté de donner des prix en dehors de standards attendus, il a rajouté d'ailleurs que « peut être qu’ils vont vouloir faire quelque chose que personne n’a fait avant », même s'ils ont quand même des recommandations à suivre. Ils doivent rester ouverts et être attentifs au premier ressenti et surtout selon lui « éviter le consensus » et se battre pour amener quelque chose de différent. Il s'attend à un fort débat, même s'il espère qu’ils s’entendront. En tout cas, en termes de fonctionnement, ils se verront tous les 3 films, pour discuter.
Des sujets d'actualité
Le sujet de la grève des scénaristes aux USA, en lien notamment avec l’impact du streaming (SVOD), a été mis sur la table. Ruben Östlund a indiqué qu'il soutenait les grévistes ; quant à Paul Dano, il a rappelé que sa femme (Zoe Kazan) faisait actuellement la grève et qu'il la rejoindrait pour manifester en rentrant.
Il en fut de même pour le sujet du périmètre avec interdiction de manifester aux alentours du Palais des festivals et de la Croisette. Ruben Östlund de rappeler alors la réaction de Milos Forman, en 1969, avec à la fois un film à montrer et sa sympathie pour les manifestants. Il affirmait ainsi qu'on peut être tiraillé, car on a envie de faire son boulot et de participer au festival.
Sur l’égalité hommes-femmes dans la sélection et l'impact d'une Palme d'or
Ruben Östlund est pour les quotas dans l'école de cinéma où il enseigne, même s'il constate qu'il se passe quelque chose après la sortie de l’école, qui fait que certaines ne continuent pas dans cette voie. Pour Julia Ducournau, au-delà de l’aspect symbolique, obtenir une Palme d'or entraîne un changement de vie. C'est un tremplin colossal pour pouvoir s’exprimer dans des conditions plus simples que précédemment, mais il y a un poids là-dedans. Tandis que pour Ruben Östlund, c'est un prix qui aide les producteurs en festival (en donnant de la visibilité au film), mais qui permet aussi de construire une relation entre un réalisateur et son public, et entre un réalisateur et la presse aussi.