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DONJONS ET DRAGONS : L'HONNEUR DES VOLEURS

Jubilatoire

Edgin et Holga, un voleur et une guerrière, s’échappent d’une prison où ils étaient retenus depuis deux ans. Bien décidés à récupérer la fille d’Edgin, Kira, vivant désormais dans le château de Forge, homme vénal et menteur devenu un puissant seigneur, et leur ayant dérobé la tablette de renaissance avec l’aide d’une mage rouge, ils se retrouvent à nouveau prisonniers. Parvenant encore à s’échapper, ils vont s’allier avec un sorcier et une druide, afin de retrouver un heaume qui leur permettrait d’annuler le sort qui bloque la porte de la salle du trésor, derrière laquelle se trouve la fameuse tablette…

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Une chose est sûre, comme beaucoup, on était plutôt inquiets de voir débouler une nouvelle adaptation cinématographique des célèbres jeux de rôles Donjons et Dragons, après le catastrophique film de l'an 2000, avec Jeremy Irons, et ses improbables suites. C'est donc sous la houlette de Paramount et de eOne Entertainement, avec le contrôle de Hasbro Studios, que débarque donc sur nos écrans ce film d'aventures épique, palpitant et, et c'est là la surprise, résolument drôle. Car au-delà des décors incroyables et des péripéties aux multiples rebondissements, alliant quêtes diverses, batailles dantesques et traumas ou ambitions personnels, c'est bien l'humour, omniprésent, qui fait que l’œuvre se distingue aujourd'hui des récentes productions, qu'elles adaptent de la littérature ("Mortal Engines") ou des jeux vidéos ("Warcraft, le commencement"). Un film en forme de point de départ, qui semble dors et déjà poser de multiples pistes pour des suites, d'autant que le succès est déjà au rendez-vous, aux USA notamment.

Après une intro très sombre, permettant de découvrir avec détails l'immense prison qui les enserrent, le tout démarre donc sous les flots de parole d'Edgin (Chris Pine, en grande forme), tentant de baratiner des juges pouvant leur accorder une libération anticipée. Une occasion de montrer par bribes de flash-back, les mésaventures de celui-ci, et d'aborder le trauma que constitue la mort de sa femme, le vol de la tablette ayant eu pour but de la ramener à la vie. Le scénario s'amusera ensuite à nous laisser imaginer qui sera le plus roublard (Hugh Grant excelle ici dans l’exercice avec le rôle du vil Forge), à observer la défiance des personnages entre eux (on critique ouvertement le don d’Edgin pour l’échec, les capacités de Simon le jeune sorcier, ou le charisme, la bonté et le sérieux agaçants de Xenk…). Certains passages sont même carrément de véritables moments de comédie, savamment rythmés et écrits, comme le questionnement des morts aux combats, dont le principe même est tout juste délicieusement macabre.

Les fans du genre retrouveront donc nombre d’ingrédients, exploités avec plus ou moins de minutie, d’un village de petits êtres à la traversée d’un labyrinthe piégé mouvant, de la plongée dans un monde des ténèbres peuplé d’étranges créatures à l’affrontement d’un dragon particulièrement dodu, des transformations fluides de la druide à l’usage d’un bâton « ici et là »… Tout concoure ici à redonner à la Fantasy son grand « F », certaines scènes d’actions allant même jusqu’à intégrer à merveille l’humour ambiant (les tentatives de « fusion » du sorcier, la trouvaille pour pénétrer dans la salle du trésor…). Côté interprétation, Michelle Rodriguez compose avec son image de dure à cuire, Regé-Jean Page ("La Chronique des Bridgerton") joue de son physique parfait, Sophia Lillis ("Uncle Frank", bientôt dans "The Adults") a ce qu'il faut de fragilité opposée à ses capacités de transformation, et Daisy Head vous file quelques frissons en mage rouge particulièrement teigneuse. Même Bradley Cooper fait une apparition aussi remarquée qu’inattendue. Les joueurs, tout comme ceux qui aiment qu’on titille leur imagination, devraient donc y trouver leur compte, en termes d’action, de dépaysement, d’effets visuels, de groupe de personnages intrigant, comme d’humour. Que demander de plus ? Une suite peut être.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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