GRAND PARIS
Un petit vent de fraîcheur dans le cinéma français
En passant près du chantier du Grand Paris Express (le GPE), Leslie et Renard, deux jeunes glandeurs et magouilleurs de banlieue, découvrent un artefact, qu’ils récupèrent, espérant faire une affaire. Ils barratinent alors une archéologue au téléphone, puis envisagent de le vendre sur Le Bon Coin. Mais il vaudrait mieux sans doute trouver de quoi il s’agit. Croisant un gars, ils s’incrustent à un apéro, avant d’appeler à la rescousse, leur pote de Chicken 3000…
Passé par la section ACID du dernier Festival de Cannes, "Grand Paris" a fait à l’époque le bonheur des festivaliers, porté par un excellent bouche à oreille. Il faut dire que cette petite comédie fait dans l’originalité, de ton comme de jeu, se moquant au passage gentiment des codes d’une certaine banlieue et des gangsters de pacotille qui s’en approprient certains, sans pour autant les comprendre ou en saisir la portée. Avec un regard plutôt tendre sur la douce ringardise de ses personnages principaux, Martin Jauvat se permet de leur faire rencontrer toute une galerie d’archétypes détournés (dont des complotistes), tout en jouant sur des lieux emblématiques de la banlieue (le chantiers du GPE, les arrêts de bus en pleine campagne, les gares RER, la Tour de Romainville devenue ici une prétendue base secrète…).
Mais c’est dans les détails et les dialogues que réside la saveur novatrice de cette étonnante comédie. Ici les anciens managers de McDo sont « sévère(s) mais juste(s) », certains calculent les bénéfices en Grecs (le sandwich), certains ont une sonnerie "Inspecteur Gadget", d’autres s’imaginent être de vrais yamakasis, ou pensent tout savoir parce qu’ils ont un Bac +3, et on découvrira que « les Yvelines c’est le Monde de Narnia ». Une fois de plus William Lebghil est irrésistible en dealer de tout, quant au duo Mahamadou Sangaré / Martin Jauvat il obtient l’adhésion dès les premières minutes de leur périple de gentils losers. Si vous êtes curieux de projets à part, l’expérience vaut donc le détour.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur
