THE SON
Un drame efficace autour de la dépression
Peter, avocat, vit désormais avec sa nouvelle compagne, Beth, avec laquelle il vient tout juste d’avoir un bébé. Lors d’un coup de fil, Kate, son ex-femme, l’avertit que leur fils de 17 ans, Nicholas, n’est pas allé au lycée depuis un mois. Ne sachant plus comment agir, elle accepte que celui-ci s’installe pour quelque temps chez son père. Mais la présence de Nicholas crée d’emblée le trouble dans le couple de ce denier, par la tristesse qui semble l’accabler en permanence…
Après le succès qu’a connu l’adaptation de sa pièce, "The Father" (le père), ayant notamment valu à l'auteur et son co-scénariste Christopher Hampton, un Oscar du scénario adapté, ainsi qu’Anthony Hopkins son deuxième Oscar du meilleur acteur, le français Florian Zeller (également César du meilleur film étranger) poursuit l'adaptation de sa trilogie avec "The Son" (le fils). Si la mise en scène du premier provoquait un tourbillon d’émotions, grâce à l’interprétation du même personnage (la fille de ce fameux « père ») par plusieurs actrices, permettant de plonger le spectateur dans le labyrinthe psychologique d’un père atteint d’Alzeimer, "The son" reste beaucoup plus classique dans sa construction, déroulant cependant un drame efficace autour du sujet de la dépression.
Progressivement, se révèlent les détails comportementaux de ce « fils », d’éléments psychologiques (idées noires ou sensation de devenir fou), à d’autres plus physiques (des cicatrices sur le bras…). Son interprète, Zen McGrath (vu dans "L'Attrape-rêves"), transmet ainsi le malaise de son personnage, par de nombreux soupirs, des positions répétées de prostration (la tête entre les mains…), trahissant son stress par de petits mouvements, de la bouche ou des yeux, ou accusant une soudaine tristesse lors d’un moment de complicité festive (une danse sur l’entraînant "It's not unusual" de Tom Jones. Face à lui, Hugh Jackman incarne avec emphase un père dépassé, qui ne parvient pas à réellement recréer un lien avec ce jeune homme qui ressent la vie comme un fardeau.
Méticuleusement, "The son" creuse à la fois l’incompréhension grandissante entre les membres de la famille, l’impact de la séparation avec la mère (Laura Dern, touchante) et de l’absence récurrente d’un père absorbé par son travail. Autour de ce grand ado, dont le désarroi, l’intelligence sensible, l'hypersensibilité, c’est la notion d’abandon qui est ici disséquée, le scénario créant des parallèles avec la relation père / grand-père (Anthony Hopkins, à nouveau impeccable). Quelque peu glaçant, le film, doté de quelques passages intéressants niveau mise en scène (les vues dans la buanderie, la vie idéale imaginée…) ne parvient cependant pas à s’élever, sur un sujet finalement proche, au niveau du bouleversant "Des Gens comme les autres" signé Robert Redford, Oscar du meilleur film 1981.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur