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ASTÉRIX ET OBÉLIX : L'EMPIRE DU MILIEU

Un film de Guillaume Canet

Une comédie à ne pas consommer après 2023

La tranquillité du village de nos irréductibles gaulois se voit dérangée par l’arrivée de la Princesse Fu Yi, venue directement de Chine pour leur demander assistance. Le félon Deng Tsin Qin a renversé l’impératrice de Chine, mère de Fu Yi, et menace de prendre le contrôle de tout le pays. Ni une, ni deux, Astérix et Obélix accompagnés du vendeur égyptien Epidemaïs, se mettent en route…

Astérix et Obélix : L'empire du milieu film movie

Chaque adaptation d’un nouvel opus des aventures d’Astérix et Obélix sur grand écran arrive avec son lot de difficultés : il faut respecter l’esprit de la bande dessinée des années 60 tout en s’inscrivant dans l’époque actuelle, réussir à faire vivre toute une flopée de personnages en quelques répliques et, le plus dur, parvenir à faire une comédie à plusieurs degrés de lecture pouvant convenir à toute la famille : en bref, faire une « Alain Chabat » ou moins bien. Difficile en effet de passer derrière le légendaire "Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre", une adaptation si réussie qu’elle en a certainement fait perdre le sommeil à tous les réalisateurs s’étant frottés à la franchise après elle (Frédéric Forestier et Thomas Langmann et leur "Astérix aux Jeux olympiques" en 2008, Laurent Tirard et son "Astérix et Obélix : Au service de sa majesté" en 2012).

Tant et si bien qu’on ne peut qu’être en empathie avec le courageux Guillaume Canet, dont le film souffre de la comparaison avant même qu’il ne commence. Peut-être pour étouffer cette douloureuse concurrence le réalisateur des "Petits Mouchoirs" a-t-il ainsi décidé d’écrire, pour nos célèbres héros, une histoire totalement inédite. Nos deux meilleurs copains se voient donc dépêchés en Chine pour venir en aide à l’Impératrice, retenue prisonnière par l’infâme Deng Tsin Qin (interprété par Bun Hay Mean, alias Chinois marrant de son nom de scène) allié avec Jules César, venu en Chine pour tenter d’oublier Cléopâtre après une énième querelle.

Jusqu’ici rien que nos Gaulois ne puissent accomplir, de plus que tous les éléments sont réunis pour participer à la réussite de leur aventure : des sangliers et des tresses/moustaches pour tout le monde, un casting digne d’un « Qui est-ce » version all stars (oui oui, Zlatan interprète bien un centurion romain), des pirates à attaquer ou encore une potion magique un peu revisitée. Car la petite nouveauté de cet Astérix qu’interprète un Guillaume Canet très râleur, c’est sa conscience écologique, ou tout du moins sa tentative d’engagement écologique. « Astérix 2023 » est ainsi un homme qui se veut en phase avec notre époque, en questionnant et la trop grande consommation de sangliers de ses amis et la dangerosité de la potion magique, tout en ne parvenant pas à changer ses propres habitudes, en bon Gaulois réfractaire qu’il est.

La comédie mise donc sur un humour très ancré dans son temps, au risque de se démoder dès lors que celui-ci passera. Les jeux de mots références sont de sortie, Jules César fait le signe de Jul quand un discours plus que maladroit autour de la place des personnages féminins semble planer sur le film. Ainsi, malgré une parité pourtant présente dans la répartition des premiers rôles, l’ensemble du casting féminin sert-il de faire-valoir amoureux et d’objet de convoitise pour les autres personnages masculins. Cette récurrence nous vaut d’assister à des séquences peu drôles, et, étonnamment pour le film, un peu datées, de harcèlements, de bagarres de petits coqs ou de renvois constant à la beauté comme unique qualité des personnages féminins.

À tout cela s’ajoutent des acteurs qui crient pour bien faire comprendre leurs bonnes blagues (merci à José Garcia du clin d’œil récurrent pour nous indiquer quand rire), des gags piqués chez Chabat (la chanson de pop italienne avec un ralenti quand un personnage tombe amoureux), un Jonathan Cohen coincé dans son personnage de Marc dans "La Flamme" et un ramassis de bons sentiments pour clôturer le tout. Petite mention honorifique cependant pour ce bon vieil Obélix, qui parvient à tirer le film vers quelque chose de plus touchant, grâce au talent décidément étendu de Gilles Lellouche. L’acteur aux multiples casquettes réussit ainsi à capter la tendresse de ce personnage qui, selon les indications de jeu de Depardieu, « a des pâquerettes dans les yeux ».

En conclusion, "Astérix et Obélix : L’Empire du Milieu" est un film qui n’échappe pas à la règle instituée par ses prédécesseurs : il vous donnera une irrésistible envie d’aller (re)voir l’adaptation de Chabat, en prenant pour prétexte le besoin de vérifier si celle-ci a bien vieilli (spoiler alert : plutôt).

Amande DionneEnvoyer un message au rédacteur

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