KNOCK AT THE CABIN
Encore raté
En vacances en forêt dans un chalet, une famille est prise en otage par quatre personnes mystérieuses qui leur posent un ultime dilemme, sinon la fin du monde continuera… Quelle décision prendre, et surtout, comment agir ?
Le réalisateur de "The Visit" et "Sixième Sens" revient cette année avec "Knock at the Cabin", un huis-clos en plein forêt, qui fait un carton outre-Atlantique. En reprenant des codes qui lui sont chers (la croyance contre la rationalité…), Shyamalan tente d’aller plus loin que son (très mauvais) "Phénomènes", où il explorait déjà une forme d’apocalypse dans laquelle les végétaux auraient décidé de s’attaquer aux humains. Si "Knock at the Cabin" est plus réussi que ce dernier, il n’arrive pas à la hauteur des premières réalisations de Shyamalan, et on en sort déçu (encore). Depuis quelques films, on dirait que Shyamalan s’est perdu.
Si le film, sur le papier, est dans la lignée de ce qu’a pu déjà faire l’auteur (un thriller, avec des personnages hauts en couleur), on voit poindre des tentatives à la réalisation et à la narration qui sont certes bienvenues mais qui s’avèrent globalement plutôt ratées. Il est en notamment ainsi des flash-back inutiles, rajoutant encore du pathos là où le jeu des acteurs se suffisait à lui-même (mention spéciale d’ailleurs à Dave Bautista, qui nous porte du début à la fin). On remarque toutefois quelques plans plutôt travaillés et des propositions visuelles intéressantes. Néanmoins, l’histoire en elle-même déçoit dans son final : alors que la croyance et la raison s’opposent dans tout le film, celui-ci entend nous donner une réponse vers la fin, qui casse tout le rythme et l’intérêt. Et ce alors-même que le film, d’un point de vue narratif, propose vraiment quelque chose d’intéressant, notamment concernant la crise climatique.
En effet, Shyamalan va plus loin que le simple dilemme auquel il soumet cette famille, de choisir entre la foi et la raison, et déploie un vrai questionnement sur la capacité des Hommes à accepter un phénomène qu’ils ne voient pas, plus particulièrement en ce qui concerne le réchauffement climatique : faut-il le voir pour le croire ? C’est en posant cette question directement au spectateur que Shyamalan permet à son film d’être plus qu’un long métrage simplement oubliable, puisqu’il réussit à le mettre en face de ses propres contradictions : est-il capable d’agir contre le réchauffement climatique alors-même qu’il n’est pas directement impacté, et que cela demande des efforts personnels ? Là où il triche, c’est qu’il donne une seconde chance au spectateur, puisqu’après avoir vu le film, il pourra décider de croire ou de ne pas croire ce qu’il voit, ce qu’on lui dit, et agir -ou non-. Alors même qu’en réalité, c’est déjà trop tard quand on s’en rend compte.
Pour ce sous-texte et ce qu’il entend questionner, "Knock at the Cabin" est plutôt pertinent. Pour le reste, rien de bien mémorable, hormis des personnages plutôt attachants. Et si ce n’est pas un de ses meilleurs films, ce n’est pas un des pires.
Valérian BernardEnvoyer un message au rédacteur