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L'ASTRONAUTE

Un film de Nicolas Giraud

Rêver en grand

Jim Desforges est un ingénieur en aéronautique réputé de la société Arianespace. En parallèle, il développe en secret un projet fou : devenir le premier astronaute amateur à aller dans l’espace. Depuis huit ans, il construit donc sa propre fusée, aidé seulement de sa grand-mère et d’un ami. Pour faire avancer son rêve, il décide d’entrer en contact avec Alexandre Ribbot, un ancien astronaute…

L'Astronaute film movie

L’acteur Nicolas Giraud, vu notamment dans les films de David Oelhoffen ("Nos retrouvailles", "Loin des hommes", "Frères ennemis"…) ou encore dans "Les Aventures extraordinaires d’Adèle Blanc-Sec" de Luc Besson et "Voir la mer" de Patrice Leconte, réalise ici son deuxième long métrage après "Du soleil dans mes yeux" en 2018. Et pour ce nouveau film, il fait comme son personnage : il rêve en grand malgré des moyens modestes.

"L’Astronaute" peut en effet se regarder sur deux niveaux : au premier degré, c’est l’histoire d’un homme qui fait le rêve fou d’aller dans l’espace par ses propres moyens (avec un peu d’aide tout de même), et indirectement c’est le projet d’un acteur pas très célèbre qui décide de faire un film français à petit budget sur un grand sujet : la conquête de l’espace. Évidemment il n’est pas question de faire un blockbuster avec plein d’effets spéciaux mais plutôt un film intime et sensible, les pieds sur Terre et la tête dans les étoiles.

Ainsi, un peu comme Alice Winocour avec "Proxima", Nicolas Giraud se concentre sur les préparatifs et sur les enjeux psychologiques et relationnels. Avec une mise en scène sans chichi, il montre les différentes facettes de son héros – qu’il incarne lui-même – dans son utopie comme dans ses doutes. Face aux obstacles divers (les défis technologiques et économiques, les conflits avec son père…), il ne baisse jamais les bras très longtemps, boosté en permanence par le désir de marquer l’histoire et par une motivation très personnelle héritée de son défunt grand-père (avec de belles scènes d’hommage à la clé vis-à-vis de ce personnage à la fois absent et toujours présent).

On oublie rapidement les facilités scénaristiques et les situations peu crédibles car les protagonistes sont touchants et on a envie de les suivre, de rêver avec eux, de pleurer aussi face à la beauté de leurs émotions. Le héros n’est pas le seul à émouvoir : il y a également la grand-mère qui fait figure de soutien indéfectible (magnifiquement incarnée par Hélène Vincent), l’ex astronaute qui redonne un sens à sa propre vie (Mathieu Kassovitz), le monsieur-tout-le-monde ravi de participer à une telle aventure (Bruno Lochet), l’étudiante à la fois rêveuse et déterminée qui est prête à tout pour prouver ce qu’elle vaut (Ayumi Roux), le père déboussolé qui a peur de perdre son fils (Jean-Henri Compère) et même le patron qui retrouve la passion en vivant cette folie par procuration (Hippolyte Girardot).

Un peu comme David Foenkinos dans son roman "Numéro deux", Nicolas Giraud pose aussi la question des conséquences du sentiment d’échec sur une personne pourtant qualifiée – c’est le cas pour Jim, dont on apprend qu’il avait été recalé de peu pour intégrer l’ESA qui lui a préféré Thomas Pesquet, mais aussi pour Izumi, l’étudiante qui a raté son master malgré ses capacités, voire pour Alexandre, l’ex astronaute ayant frôlé la mort lors de sa dernière sortie dans l’espace et qui peine à accepter sa vie sur Terre depuis son retour.

Porté par la musique électro planante de Gabriel Legeleux alias Superpoze (qui avait par exemple composé la superbe BO du non moins remarquable documentaire "À voix haute"), "L’Astronaute" nous emporte avec la simplicité de ses moyens et la grandeur de ses sentiments.

Raphaël JullienEnvoyer un message au rédacteur

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