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PAR COEURS

Un film de Benoît Jacquot

L'envers du décor

Lors du Festival d’Avignon 2021, Benoît Jacquot a suivi Isabelle Huppert et Fabrice Luchini lors des répétitions de « La Cerisaie » pour elle et de « Nietzsche et Baudelaire » pour lui…

Par Coeurs film documentare documentary movie

« Pourquoi Leonid est-il si long ? ». Cette question, Isabelle Huppert se la posera presque 100 fois à voix haute. Elle a beau être une comédienne expérimentée, il y a parfois des phrases toutes simples qui ne veulent pas rentrer. Alors jusqu'à la dernière seconde avant de rentrer sur scène, l'actrice murmure inlassablement les répliques qui se dérobent à sa mémoire. C'est ce travail solitaire et minutieux que Benoît Jacquot filme caméra à l'épaule. Dans l'intimité de sa loge, la comédienne apparaît sans fard. Bien qu'elle accroche quelquefois la caméra du regard, elle est si concentrée à répéter son texte qu'elle finit par l'oublier totalement. Ainsi, entre maquillage et essayage, le spectateur est totalement immergé dans l'envers du décor pour une captation des plus captivantes.

« Que nous importe que Mr Nietzsche ait recouvré la santé » déclame de son côté Fabrice Luchini. Le comédien, à qui Benoît Jacquot consacre la deuxième partie de son documentaire, est nettement plus détendu que sa consœur. Il est vrai que le comédien joue son propre rôle et qu'il garde le texte sous les yeux puisqu'il s'agit d'une lecture. Néanmoins, cette seconde partie s'avère moins intéressante que la première. Luchini fait du Luchini mais sur des sujets assez pointus : Nietzsche principalement. Et comme ses propos sont découpés en bribes, car il répète, le documentaire devient très vite ennuyeux alors qu'il ne l'était pas du tout lorsque Isabelle Huppert répétait une centaine de fois la même phrase face à son miroir.

En parallèle des répétitions, Benoît Jacquot questionne les deux acteurs sur leur rapport à la scène et au trac. Étonnamment, nos regards s'arrêtent plus sur leur comportement que sur leurs réponses, avec une nouvelle fois un contraste très marqué entre les attitudes des deux comédiens. Alors que Luchini est comme un poisson dans l'eau face à l'objectif, continuant même son bouillonnant monologue alors qu'il est au restaurant avec son équipe, Huppert est à l'inverse moins à l'aise. Blottie au fond de la banquette arrière de la voiture qui la conduit, elle répond consciencieusement aux questions du réalisateur, cependant on sent que l'exercice la rend mal à l'aise. Et si elle tentera à deux reprises de changer de sujet poliment : « Qu'il est beau le Rhône ici… », « Mais cette péniche est immense ! », ce sera sans succès.

Gaëlle BouchéEnvoyer un message au rédacteur

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