LE TEMPS DES OVNIS
Tout le monde voudrait y croire
Comme beaucoup de gens, Georges Combe a toujours rêvé de voir un OVNI. Mais malgré les rencontres, les témoignages, les études… rien. Ceux-ci ne se présentent pas à lui. Et au fil d’un documentaire qui veut questionner leur représentation, tentant d’en élargir la perception, souvent réduite à des explications scientifiques ou militaires, voire à des considérations psychiatriques pour ceux qui prétendent avoir été enlevées, il évoque tout un tas de pistes et de liens entre la fascination qu’ils exercent, les fantasmes qu’ils génèrent et les nombreuses interrogations de l’humanité dans des domaines variés…
Le nouveau documentaire de Georges Combe, auteur de "Les Souterrains du temps" (sur les souterrains de la Croix Rousse, à Lyon) ou "Le Voyage alchimique" s’ouvre avec cette phrase prononcée par l’auteur : « j’ai toujours rêvé de soir un OVNI ». Un constat d’après montage du film, sur lequel il ne reviendra pas, puisqu’à plusieurs moments du film il réitérera sa frustration de n’avoir pas pu être lui-même témoin d’un phénomène. Et autant le dire tout de suite, "Le Temps des OVNI" ne s’attache pas à déceler une quelconque réalité ou de réelles explications, mais à disséquer les mythes autour de ceux-ci, à la manière d’une réflexion philosophique sur ce qu’apporte à l’humanité ces phénomènes dits irrationnels, pourtant facilement reliés à des observations, des témoignages, et diverses études.
Il réalise pour cela toute une série d’interviews, qu’il replace d’abord dans une logique historique relatant diverses apparitions (Téhéran en 1976, Bruxelles dans les années 80, un phénomène au dessus d’un silo à missiles en 1969…) ou de phases d’étude des phénomènes (création du MUFON ou Mutual UFO Network aux USA en 69, mise en place de programmes SETI ou projets scientifiques ayant pour objectif de détecter la présence de civilisations extraterrestres...). Le premier témoin est d’ailleurs un ancien directeur du GEIPAN ("Groupe d'études et d'informations sur les phénomènes aérospatiaux non identifiés", qui est un service du Centre national d'études spatiales français). Puis viendront un auteur, une psychologue, un philosophe, notamment dans la seconde partie du métrage, plus complexe et plus déroutante.
La première partie du film intrigue et s’avère quelque peu hypnotique, ne tentant pas vraiment d’expliquer les phénomènes, mais s’intéressant plus à la représentation qui en est faite. Les Extra-Terrestres deviennent alors une « solution de facilité » pour ce qui est incompréhensible, ne pouvant être pensés qu’à l’image de l’homme et donc représentés comme tels, en sortes de dérivés. Les images de synthèses viennent heureusement casser la monotonie répétitive des ciels et nuages (très nombreux au cours des 1h52 de film) accompagnés de silhouettes qui observent, et permettent de faire le lien avec la représentation faite au cinéma de ces phénomènes (évoluant avec le temps et la technologie humaine : un cigare, un triangle…) comme des possibles aliens. Troublant lorsqu’il évoque le ciel comme un potentiel écran, la salle étant la terre avec ses spectateurs humains, le film accepte cependant les témoignages sans réellement les questionner, et pourtant sans pour autant prendre une position sur la réalité de toute cela. Les hypothèses s’enchaînent ainsi dans la seconde partie, résonnant comme une série d’informations mélangeant biologie, ordinateurs, nature des mythes, enlèvements, clairvoyance, nano-technologie, peur de l’apocalypse, réactions du cerveau selon les moments de la journée... le tout dans un raisonnement difficile à suivre, qui questionne au final la possibilité de reconstruire des liens entre science et spiritualité ou philosophie, face à ces phénomènes « qu’on ne comprend pas ».
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur