JAULA
Une cage pas dorée du tout
Paula et Simón trouvent une petite fille qui erre sur la route en pleine nuit et qui se fait renverser par une moto. La gamine restant muette, les autorités ne parviennent pas à l’identifier, pas même en épluchant les signalements de disparitions d’enfants. Seul indice : elle réagit au prénom « Clara », qui semble donc être le sien. En lui rendant visite à l’hôpital, Paula comprend que la fille ne se sent en sécurité que si une forme fermée est dessinée à la craie sur le sol autour d’elle. Clara manifestant une certaine confiance envers Paula, cette dernière obtient le droit de l’amener chez elle le temps de l’enquête…
Sortie le 24 octobre sur Netflix
Le début est très confus. Certes, on peut se dire que c’est volontaire, que le réalisateur nous met face au mystère et qu’on aura des clés plus tard. Mais c’est en partie trop lourdaud ou maladroit. Un problème majeur se pose dès les premières minutes : la difficile acceptation de la situation. Or, on a beau être dans une fiction, elle se déroule dans le monde réel et tout ne paraît pas crédible ou pertinent. On a par exemple du mal à comprendre pourquoi le couple s’arrête aussi loin de la silhouette qu’ils aperçoivent de nuit au milieu de la route, ni pourquoi ils s’approchent de cette personne avec autant de prudence. Puis l’accident de moto arrive comme un cheveu sur la soupe, et on ne reparle jamais du pilote, comme si la mise en scène nous cachait quelque chose le concernant (mais finalement non). On se demande aussi s’il était nécessaire d’attendre aussi longtemps pour nous révéler les raisons pour lesquelles Paula se fait des injections en cachette dans sa salle de bain. Enfin, et c’est le principal obstacle à notre adhésion, on reste facilement perplexe quant à la possibilité d’une telle situation qui conduit les autorités et le personnel médical à confier cette petite fille perdue au couple qui l’a trouvée sur la route !
Quand on voit que "Jaula" (littéralement « cage ») est produit par Álex de la Iglesia (et par son épouse, l’actrice Carolina Bang), on s’attend à un film prometteur de la part de son réalisateur, Ignacio Tatay, qui signe ici son premier long métrage. Heureusement, malgré ces nombreux bémols et obstacles, et malgré des ficelles de polar en partie très convenues, on finit par se prendre au jeu, un peu grâce au duo formé par Elena Anaya et la jeune Eve Tennear, mais aussi grâce à l’ambiance construite par le metteur en scène et son équipe, notamment avec les motifs de craie, à la fois intrigants et visuellement efficaces. Autre source de satisfaction : le basculement de point de vue qui intervient environ au milieu du film (on ne vous en dit pas plus). Sans parler, évidemment, de l’effroi ressenti quand on finit par comprendre ce qui se passe à propos de cette mystérieuse gamine. En bref, un thriller un peu bancal mais tout de même efficace.
Raphaël JullienEnvoyer un message au rédacteur