CORSAGE
Rébellion d’une impératrice
Fin 1877. À Vienne, après un malaise lors d’une visite, Élisabeth d’Autriche, alias Sissy l’impérative, est régulièrement attaquée par la presse sur son poids et sur la rareté de ses apparitions. De plus en plus isolée par son mari, elle tâche de faire bonne figure face à des conventions qui l’oppressent…
Porté par Vicky Kriesp, décidément dans de nombreux films cette année, "Corsage" est un film sur l’oppression. Celle qu’impose une position, celle d’impératrice « vieillissante » (elle vient d'avoir 40 ans), avec son protocole et son cortège de contraintes liées à une image à préserver, celles imposées par un mari qui a perdu le désir et qui s’inquiète pour sa réputation, celle d’une vie qui n’offre finalement que peu de sorties et de plaisirs. La jeune actrice, vue dans "Bergman Island" et "Plus que jamais", y trouve ici un rôle consistant, allant crescendo dans la rébellion contre sa condition de femme modèle, poupée supposée figée dans un temps révolu, celui de sa jeunesse. De malaises fints en tentations de l'adultère, le personnage séduit par son attitude moderne et féministe.
L’Autrichienne Marie Kreutzer ("The Ground beneath my feet", encore inédit en France, "The Fatherless"), qui est aussi au scénario, l’enferme dans une relation toxique avec un mari qui menace de lui enlever sa fille, laissant le champ à de rares respirations, toujours contrariées (un voyage en Angleterre, une balade à cheval…). Peu à peu, elle introduit des éléments de libération, à commencer par une captation en film, qui en noir et blanc et en muet, lui permet du coup d’extérioriser sa rage... dans le silence que demande sa situation. Un portrait stylisé d’une figure historique désenchantée apprenant à composer avec sa condition, à reprendre, au moins en partie, le contrôle de sa vie, et à retrouver de petits plaisirs, même si ce doit être dans l’ombre.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur