LE SERMENT DE PAMFIR
Un mélange des genres séduisant, mais trop visible
Après de longs mois d’absence, Pamfir rentre au sein de son foyer où il retrouve sa femme et son fils. Mais s’il rêvait d’un retour paisible, la réalité sera toute autre. Pour régler la situation, il va même devoir renouer avec son sombre passé…
Après plusieurs mois d’absence, Leonid rentre au bercail, situé dans une région rurale de l’Ukraine, à la limite de la frontière avec la Roumanie. Cette proximité géographique avec un État membre de l’Union Européenne fait de la zone un haut lieu de la contrebande, qu’on pratique presque comme « une tradition populaire » pour reprendre l’expression d’un des protagonistes. Leonid a connu ces activités illégales, avant de raccrocher par amour. Pour autant, sa légende demeure, personne ne l’appelle par son prénom, on le surnomme Pamfir, symbole de puissance et de virilité. Et s’il rêvait d’un retour paisible, il n’en sera rien, son fils commettant un incendie criminel dont il va devoir gérer les conséquences.
Néo-western ultra-stylisé, dont Nicolas Winding Refn ne renierait pas la mise en scène, ce premier long métrage de Dmytro Sukholytkyy-Sobchuk séduit par sa manière de mêler la grande tragédie grecque avec le folklore slave. Embarqué dans un tourbillon de violence, le récit s’enfonce progressivement dans un film noir radical, où les personnages se retrouvent écrasés par cet engrenage incontrôlable. Si toutes les graines d’un grand polar ont bien été plantées par l’intrigue, l’esthétisme artificiel et cette caméra virevoltante finissent par annihiler le résultat, comme si cet écrin, aussi élégant soit-il, venait trop compresser son sujet.
Sacrifiant les personnages féminins et appuyant trop ses dialogues, "Le Serment de Pamfir" trimbale une lourdeur trop importante pour véritablement nous emporter, à l’image de la séquence du carnaval qu’on fantasmait plus spectaculaire. Dommage que la forme soit devenue le moteur du film, car derrière cet apparat, se cache une chronique familiale protéiforme à l’écho politique assumé, qui révèle le talent indéniable d’un néo-cinéaste. Il paraît que c’est le second film qui est toujours le plus dur. On a ainsi hâte de voir si les promesses entraperçues dans ce premier essai s’exprimeront pleinement par la suite.
Christophe BrangéEnvoyer un message au rédacteur