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LES LENDEMAINS DE VEILLE

Un film de Loïc Paillard

Après qu’il ait été trop tard

Une bande d’amis, ayant longtemps eu le souhait de vivre ensemble comme une famille, se sont plus ou moins perdus de vue avec le temps. Mais le jour où l’un d’eux décède et leur lègue la grande maison dans laquelle ils ont longtemps cohabité, les retrouvailles vont être l’occasion de faire le point… et de régler des comptes…

Les lendemains de veille film movie

Ceux qui ont déjà pu voir le très agréable "Avant qu’il ne soit trop tard" de Laurent Dussaux se sentiront en terrain connu à la seule lecture de ce synopsis. Il faut bien avouer que le « film de potes » coche toutes les cases d’une recette gagnante en béton armé depuis la sortie des "Bronzés" en 1978, En gros, prenez plusieurs personnages dont les caractères bien trempés et bien différents suffisent à favoriser la naissance de quiproquos et/ou de conflits, mettez-le dans un contexte censé tester la valeur réelle de leur amitié, déroulez la valse des confrontations (surtout verbales, parfois sexuelles, toujours drôles ou mélancoliques) en faisant en sorte que chaque personnage puisse évoluer au gré du récit, et c’est dans la poche.

Dans cette glorieuse tradition du cinéma français (mais pas que), pas sûr que le nouveau film de Loïc Paillard réussira à faire long feu ou à s’imposer comme une nouvelle référence. Rien que sa durée anormalement courte aurait dû nous mettre la puce à l’oreille : comment espérer creuser en profondeur une dizaine de personnages antagonistes, développer des caractères de façon progressive et aboutir à un récit choral aussi ample que possible en à peine 85 minutes ? Fallait voir. On a vu. Et c’était effectivement mission impossible.

Lorsque tombe le générique de fin, le bilan est sans appel pour cause d’écriture bancale, de direction d’acteur au rabais et d’enjeux scénaristiques trop compressés. En gros, le film avance beaucoup trop vite pour permettre à ses personnages d’exister, tandis que ces derniers, d’abord caractérisés de façon simpliste (le costard-cravate, le baba cool dragueur, le timide à lunettes, la punk gothico-lesbienne, la garce disparue des radars, etc…), passent tout le film à changer d’avis comme de chemise, à passer d’un état à l’autre sans souci de cohérence. Plus problématique encore : a contrario du "Péril jeune" et compagnie, aucun contexte sociologique ne vient appuyer la situation présente, ce qui prive le film de s’imposer a minima comme le portrait d’une génération.

Avec tout ça, bon courage pour s’attacher à qui que ce soit, pour se projeter dans qui que ce soit, tandis que le réalisateur se tourne les pouces en laissant la caméra tourner toute seule – on est loin des plans-séquence virtuoses qui raccordaient parfaitement les personnages et les clivages d’"Avant qu’il ne soit trop tard". Face à un film qui avance sans savoir où il va et qui meuble avec du factice pour combler du vide, il est assez logique que le bazar s’achève sur une partouze-biture au coin du feu : ce qui sonne presque comme un aveu d’échec était au fond la seule façon possible de mettre un point final à une phrase sans aucune ponctuation.

Guillaume GasEnvoyer un message au rédacteur

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