Festival Que du feu 2024 encart

INTRODUCTION

Un film de Hong Sang-soo

… sans développement ni conclusion !

Youngho veut devenir acteur mais doit se confronter aux aspirations de ses parents et au départ de sa petite amie à Berlin. L’occasion pour lui de prendre un nouveau départ ?

Introduction film movie

Savourer un (ou deux) nouveau(x) film(s) de Hong Sang-soo par an constitue un passage obligé pour tout aventurier des salles d’art et essai de France et de Navarre. Et vue la vitesse surréaliste à laquelle ce stakhanoviste de l’auteurisme à petite échelle (peu d’acteurs, budget réduit, mise en scène minimale) enchaîne les tournages et déballe la marchandise dans tous les festivals de cinéma du globe, il fallait bien s’attendre à ce que certains de ses longs-métrages – à l’image de ceux de Woody Allen depuis une quarantaine d’années – en viennent à dégager une forte sensation de redite, voire de relâchement. "Introduction" fait hélas partie de cette catégorie peu gratifiante, quand bien même il se distingue quelque peu en plaçant des personnages plus jeunes que d’habitude au cœur de son récit, qui plus est en les faisant jouer par certains de ses étudiants en cinéma (n’oublions pas que Hong Sang-soo est aussi professeur de cinéma à Séoul).

Divisé en trois parties, le scénario (primé à Berlin en 2021) semble au premier abord décliner une partition proche de celle des films de Yazujiro Ozu : les désirs d’avenir des adolescents face aux aspirations envahissantes des adultes, la quête d’absolu de la jeunesse face aux multiples compromis de l’âge adulte. Reste qu’il ne s’agit là que d’une intention scénaristique, étant donné que les trois chapitres (numérotés sans titre !) laissent chaque enjeu à l’état d’ébauche et usent surtout d’un système d’ellipses qui, à défaut d’installer du mystère ou de laisser le spectateur remplir les trous avec son vécu, nous coupe du moindre repère dramaturgique. Pendant longtemps, le cinéma de Hong Sang-soo avait su décliner des concepts avec sensibilité et radicalité (avec "Un jour avec, un jour sans" et "Le Jour d’après" en guise de double point d’orgue), mais on perçoit là le triple obstacle qui risque fort de l’abîmer à la longue : un concept qui se suffit à lui-même, une improvisation gérée à la hussarde, une répétition qui assèche toute trace d’audace. Quelques petits zestes de poésie propres au cinéaste (dont l’apparition de la neige qui tombe) font figure de résistance, mais ils ne suffisent pas à inverser le sens de la courbe. Une déception, en attendant le prochain film…

Guillaume GasEnvoyer un message au rédacteur

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