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FIÈVRE MÉDITERRANÉENNE

Un film de Maha Haj

Palestine et Israël, sujets d’une dramédie qui évoque autre chose que le conflit

Walid zone la grande majeure partie de ses journées sur son canapé. Il s’occupe bien des tâches ménagères et de l’éducation de ses deux enfants. Mais il n’arrive pas à retrouver le sourire. La dépression le ronge…

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Walid raconte à son fils comment il a poussé une femme dans les escaliers. Son enfant lui demande alors comment il peut être sûr que c’est son acte qui a causé une mort éventuelle. La réaction surprend le paternel. Si cette scène pré-générique peut paraître anecdotique, d’autant plus qu’elle semble déconnectée de la trame narrative à suivre, elle révèle en réalité la tonalité et le questionnement du film : le protagoniste est-il un narrateur jouant avec les contours de la vérité ou un être bien plus sombre ? Car il y a dans ce personnage quelque chose de dissonant, un spleen qui contraste avec son refus de prendre le traitement recommandé, avec l’implication qu’il met dans l’éducation de ses enfants. Peut-être aime-t-il juste prétendre pour pouvoir se prélasser sur son canapé et ne pas écrire le roman sur lequel il est censé avancer ? Sa rencontre avec un voisin, un petit criminel, va alors lui redonner de l’énergie et même de l’inspiration.

Si le métrage bénéficie d’un charme certain, avec ses tranches d’humour flegmatiques, il souffre également d’un didactisme appuyé, en particulier lorsqu’il cherche à injecter du politique dans son récit intime, à l’image de l’épisode du cours de géographie, dont la portée symbolique est annihilée par des dialogues écrasants. Haletante et rythmée, cette comédie douce-amère demeure cependant un moment agréable de cinéma qui justifie sa sélection au Certain Regard du dernier Festival de Cannes. Son Prix du meilleur scénario est lui plus discutable, la fusion entre le pamphlet politique et l’ironie dépressive n’aboutissant jamais à l’alchimie recherchée. Mais pour cette montée silencieuse de la violence et la rage de son dernier acte, "Mediterranean Fever" vaut aisément un petit détour dans les salles obscures.

Christophe BrangéEnvoyer un message au rédacteur

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