MARIA RÊVE
Quelques étincelles de magie
Suite au décès de celle qui l’employait à son domicile, Maria, femme de ménage, passe un entretien pour un poste à l’École des Beaux-Arts. Là, elle fait la connaissance d’Hubert, le gardien des lieux, avec lequel elle devient peu à peu complice. Elle qui écrit en secret des poèmes, se retrouve en contact avec des étudiants pleins de créativité. Titillée dans sa curiosité, osera-t-elle se laisse aller à plus de spontanéité et libérer la créativité qui bouillonne en elle ?
Après "Pile Poil", court métrage à succès, grand prix du Festival de l'Alpe d'Huez 2020 et couronné l'année suivante aux César, le duo Lauriane Escaffre et Yvo Muller, à la réalisation comme au scénario, assume à nouveau cet humour plein de tendresse qui les caractérise, dans "Maria rêve", leur premier long métrage. Présenté en avant-première au Festival d'Angoulême 2022, celui-ci permet à Grégory Gadebois de retrouver les deux metteurs en scène, lui qui interprétait le papa boucher bienveillant dans "Pile Poil", prêt à bien des sacrifices pour que sa fille puisse finalement passer son examen de CAP d'esthéticienne. De bienveillance, son personnage est aussi pétri dans "Maria rêve", bousculé dans son petit monde par l'arrivée de cette femme de ménage, curieuse et maladroite, qu'interprète avec douceur une Karin Viard au sommet de son art.
Au travers d'une histoire qui fait, au début, la part belle aux gags liés à l'expression artistique des personnages (la tentative de variation de Maria sur la pièce "Fonte de beurre", détournée en "beurre sur broc d'eau", sa participation fortuite à une œuvre d'élève, son balai restant collé dans du faux sang...), c'est une séduisante romance qui se fait jour. Ce récit où chacun des personnages (même celui, un peu lunaire, d'étudiante, interprété par Noée Abita, découverte dans "Slalom") dispose d'une vraie évolution, finit par émouvoir autant qu'amuser, touchant du doigt les notions de liberté, d'envies contrariées, de réveil des sentiments, et de capacité à se sentir pleinement vivant. Doté, de plus, de quelques belles idées de mise en scène (le beau passage en ombres chinoises avec l'installation lumineuse...), le film trouvera sans doute son public en salles, en cette période trouble où chacun a aussi besoin de rêver.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur