LA DÉGUSTATION
Quand un alcoolique qui s’ignore rencontre une grenouille de bénitier en mal d’enfant
Jacques, caviste divorcé, ayant des problèmes d’argent pour maintenir son commerce à flot, est victime d’un malaise cardiaque. Contraint d’arrêter l’alcool, il décide d’engager un apprenti en réinsertion, mais n’arrive pas à passer le pas de la thérapie de groupe. Un beau jour, débarque dans son magasin Hortense, qui recherche une bouteille de vin pour un dîner. Jacques lui conseille alors un grand cru, même s’il s’agit d’un dîner pour les sans-abrís dont Hortense s’occupe, comme bénévole de la paroisse…
"La Dégustation" met en scène un duo d’interprètes qui fonctionne plutôt bien, avec d’un côté Isabelle carré, en bigote célibataire s’occupant plus des autres que d’elle-même (notamment de sa mère vieillissante), et Bernard Campan, en alcoolique niant à la fois la gravité de ses problèmes de santé et son addiction. En situant l’action autour du vin, c’est du goût de la vie qu'Ivan Calbérac viendra à parler, en positionnant ses deux personnages dans une dynamique de retour au lien avec l’autre. Une histoire plutôt grave autour de l’alcoolisme, du deuil et du désir d’enfant, se dessine alors sur le ton de la comédie, disposant même de plaisanteries légèrement graveleuses qui surprennent quelque peu, que ce soient les jeux de mots autour du mot « Queue » mêlé à celui de « Seigneur » au Scrabble, ou avec les doubles sens gênants, lors de la dégustation.
La recette de la comédie romantisme où chacun pourrait bien sauver l'autre ne surprend guère, dans ce qui est l'adaptation de la pièce éponyme signée de Calbérac lui-même, le véritable vent de fraîcheur viendra finalement du personnage de l’apprenti, interprété par Mounir Amamra ("Divines", "Le Monde est à toi"), qui incarne un jeune homme pas timide pour deux sous, au bagout et à la repartie impressionnants, et du groupe de SDF dont s’occupe Hortense. Si les ennuis du premier ne semblent qu’une sous intrigue déjà usée jusqu'à la corde, les quelques scènes avec les seconds dégagent une humanité touchante. Rajoutez à cela le personnage du docteur, pince sans rire aux répliques joliment tournées (« ce n’est pas parce qu’il y’a écrit Médoc, que c’est un médicament »...) et vous aurez une comédie romantique au fond dramatique plutôt séduisante, où les hésitations et l’âge ont une importance particulière.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur