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VESPER CHRONICLES

Un bon film d’anticipation à l’univers visuel intrigant

Après l’anéantissent de tous les écosystèmes sur terre, l’humanité est retournée dans une sorte de moyen âge où règne la loi du plus fort. Des oligarques vivent ainsi dans des citadelles, vendant des graines ne pouvant se reproduire au peuple affamé qui cultive les terres, en échange de poches du sang de leurs enfants. Vesper, adolescente qui vit avec son père malade, entretient un labo clandestin dans un bâtiment en ruine à l’écart, espérant trouver une solution pour rendre les graines à nouveau fertiles…

Vesper Chronicles film movie

"Vesper Chronicles" est un film d’anticipation lituanien tourné en anglais, dans lequel on trouve notamment un acteur connu, Eddie Marsan ("Une belle fin", "Be Happy") dans le rôle de l’oncle de Vesper, véritable méchant de l’histoire. Le récit se base intelligemment sur des thèmes d’une brûlante actualité, comme l’effondrement des écosystèmes (auquel le dérèglement climatique nous mène tout droit…) ou l’accaparement par des entreprises - ici des sortes de nobles - des semences, modifiées génétiquement pour ne pas se reproduire, créant ainsi une dépendance des producteurs aux fournisseurs, contraints de racheté chaque année de nouvelles graines au lieu de planter celles issues de leurs propres récoltes… Et la force de ce long métrage indépendant, est de créer tout un univers visuel, mêlant organique et technologie, végétal et animal, que le spectateur curieux, va pouvoir découvrir peu à peu.

La très belle direction artistique est ainsi le grand atout du film, déployant ses « citadelles » dont la silhouette évoque autant un arbre gigantesque qu’une énorme méduse, mais s’attachant aussi à des détails infimes comme la matière noire qui semble ronger ce qu’il reste de végétation (les arbres donnent l’impression inquiétante de respirer, ou d’agoniser, au choix…), les vers surgissant du sol qui tentent de mordre ceux qui passent, les batteries fonctionnant à partir de bactéries, les plantes rouges qui réagissent violemment lorsque quelqu’un les touche (l’une des meilleures et plus surprenantes idées du film)… C’est ainsi tout un univers mystérieux qui s’offre à nos yeux grands ouverts, riche de mille trouvailles qui stimulent la curiosité, les deux auteurs ayant pensé la génétique comme l’avenir de la science. Qui sont ces pèlerins à la capuche étrange qui viennent récupérer des éléments métalliques, et où vont-ils ? Que fait ce drone avec un visage dessiné qui accompagne partout Vesper, lui donnant des conseils ? Pourquoi les villageois sont-ils si méfiants vis à vis des créatures androïdes qui imitent encore si mal les êtres humains ? Que font les oligarques du sang des enfants qu’ils récoltent comme monnaie d’échange ?...

Le scénario répondra avec plus ou moins d’empressement à toutes ces questions ou presque, laissant toujours une part d’ombre qui fait le sel d’une intrigue complexe, où la violence s’invite ponctuellement, l’Homme recréant indéfiniment une relation de pouvoir et de domination, quel que soit le niveau social. La cohérence de l’ensemble montre une réelle ambition, digne d’un grand film de science fiction, à l’univers original. On regrettera juste une résolution autour de la question de la fertilité des graines, qui si elle part d’une jolie idée, n’est tout de même pas des plus limpides, et l’exploitation finalement assez convenue et minimale du rôle des fameux oligarques, dont seuls quelques représentants seront visibles à l’écran. Reste un film d’anticipation intelligent, dont l’originalité visuelle pourrait bien vous rester en tête pendant longtemps.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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