ARTHUR, MALÉDICTION
Une bonne idée de départ réduite à presque néant
Alex, enfant, ne cessait de regarder en boucle les aventures de « Arthur et les Minimoys« , son héros préféré. Devenu un jeune adulte, il continue à se déguiser en son idole. Et pour son anniversaire, après la traditionnelle séance du film, ses amis décident de lui offrir une visite de la maison où à été tourné le film…
Logiquement l’intrigant "Arthur, Malédiction" s’ouvre sur l’introduction du film dont le héros est fan : "Arthur et les Minimoys". Le temps de dézoomer et nous voici avec un groupe d’enfants, tous serrés les uns aux autres, prêts à regarder à nouveau le film avec leur meilleur pote, Alex, dont c’est l’anniversaire. Mais comme il semble qu'il faille malheureusement faire vite pour nous plonger dans l'intrigue, pas trop le temps de s’attarder sur les différents personnages. On saura juste que l’une des filles est allergique aux abeilles… et on se doute du coup que cela servira par la suite. Et boom, nous voici dix ans plus tard, alors qu’Alex, déguisé en Arthur est poursuivi par les flics et se fait gentiment draguer par sa copine déguisée en Princesse Selenia. Et comme il fête ses 18 ans, c’est reparti pour un visionnage collectif des trois films, qui est heureusement simplement cette fois suggéré. Révélant le fait que son cadeau est une visite improvisée dans la maison du tournage, abandonnée et située dans un village paumé, le film d’horreur peut alors commencer, alors que leurs voitures semblent s’égarer entre chemins et forêt.
Si on est d’abord intrigué par ce qui ressemble à une plongée dans le « bush » à la française, lorgnant vers les inquiétants "La colline à des yeux", "Cabin Fever" ou encore "Calvaire", avec population inquiétante (un groupe de blacks au regard insistant assis sur des marches, une vieille au balcon...), l’irruption hystérique de l’occupant de l’inquiétante maison où seuls des personnages de film peuvent avoir envie d’aller demander leur chemin (vues les têtes d’animaux accrochées aux murs et d’autres détails croustillants…) vient introduire un excès de tension qui apparaît d’emblée exagérée. Et c’est avec l’arrivée dans la maison, à moitié décatie (elle est réellement située en France, dans la commune de La Trinité-des-Laitiers en Normandie, et a réellement fait l’objet d’urbex, des explorations urbaines par des fans...), qu'on voit bien du coup ce qui aurait pu faire de ce projet un film angoissant, doté d'une vraie tension, notamment avec la séparation du groupe en petites entités plus vulnérables.
Mais entre les références aux films d’origines, qui s’avèrent être trop de l’ordre du détail pour qui ne les a pas revus depuis longtemps, des acteurs qui semblent choisis par défaut tant ils ont peu de choses à jouer, de nombreuses scènes dont la crédibilité laisse à désirer (la palme allant au passage où deux des filles décident d’écouter de la musique, avec chacune un écouteur, mais aucune n’étendant les appels au secours de leur copine allergique aux abeilles enfermée dans la grange voisine où personne n’a pensé à lui dire de ne pas aller parce qu’il y a là un gros essaim...). Et que dire de la capacité des abeilles à piquer de manière géométrique et régulière... Heureusement la mise en scène vient ponctuellement créer une certaine tension grâce à la démultiplication du principe de caméra subjective. Mais si, comme on s’y attendait, on nous sert la possibilité d’une suite, la fin ne semble pas expliquer grand chose de tout ce qui s’est passé, tournant soudain au grand-guignol et à la résolution attive. En bref, une bonne idée de départ, gâchée par des personnages inexistants et une série d’événements n’ayant pour but que de dézinguer ceux-ci. Mais la question du pourquoi, reste partiellement obscure, le scénario jouant sur plusieurs tableaux. Dommage.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur