MALNAZIDOS
Un projet mal conçu
Durant la guerre civile espagnole, des combattants des deux camps sont contraints à faire équipe pour survivre dans une zone mystérieusement envahie de zombies…
Sortie le 11 juillet 2022 sur Netflix
Sur le papier, le projet sonne comme une sympathique série Z mêlant gore et comédie, qui pourrait lorgner du côté de Tarantino et Rodriguez. Mais la mise en scène bicéphale d’Alberto de Toro et Javier Ruiz Caldera (le premier étant un monteur qui réalise son premier long métrage, contrairement au second, qui a par exemple signé "3 mariages de trop") ne parvient jamais à proposer le juste équilibre, au point qu’on ne sait plus très bien si le duo a voulu créer une comédie déjantée ou un drame fantastico-politique, tant ça part dans tous les sens. Ainsi, la mécanique humoristique est mal maîtrisée et la plupart des gags tombent à plat.
Les personnages, certes volontairement caricaturaux, manquent cruellement de consistance et s’avèrent même incohérents pour certains, comme le jeune Decruz décrit comme incapable dans tous les domaines (y compris par lui-même) et pourtant doté de qualités certaines en mécanique (il est par exemple capable d’identifier un avion en entendant le bruit de son moteur).
Il est utile d’expliquer le titre : en espagnol, « malnacido », littéralement « mal né », signifie à la fois « bâtard », « misérable », « minable » voire « enfoiré ». Malgré le remplacement du « c » par le « z » de « zombie », le néologisme désigne finalement tous les monstres et toutes les sournoiseries du film. C’était là un autre potentiel du métrage : mettre tous les personnages face à leur aveuglement idéologique et face à leur jusqu’au-boutisme. Le panel va ainsi du commandant SS sadique et obsédé par la vie éternel au combattant communiste tellement convaincu par la cause qu’il s’invente des origines russes. Le problème, c’est que le discours de "Malnazidos" finit par être gênant en mettant quasiment au même niveau fascistes et républicains. Bref, même dans le possible message sous-jacent, c’est la pagaille ! En comparaison, "Army of the Dead" fait presque figure de chef d’œuvre…
Raphaël JullienEnvoyer un message au rédacteur