LEILA ET SES FRÈRES
La dure loi de la famille
Leila a passé sa vie à essayer de prendre soin de ses parents et de ses quatre frères. Alors que la famille traverse une faillite sans précédent, celle-ci souhaite profiter d’une opportunité pour acheter une boutique dans un grand centre commercial. Mais elle va devoir convaincre les autres membres de la maison de la suivre sur ce projet…
Après le très remarqué et saisissant "La Loi de Téhéran", l’Iranien Saeed Roustaee a connu pour la première fois les honneurs de la Compétition officielle du Festival de Cannes. Et qu’on se le dise immédiatement, son absence au palmarès fait probablement partie des plus grandes injustices de cette soixante-quinzième édition. Car dans cette œuvre fleuve (près de trois heures), il y a une rage folle, contenue dans chaque détail de mise en scène, et un geste pur de cinéma, s’abandonnant à la puissance des dialogues lorsque le verbe est nécessaire.
Si les nombreux aficionados de son précédent métrage pourront être surpris, le réalisateur a le mérite de ne pas s’inscrire dans le genre du polar pour assumer pleinement son drame, flirtant souvent avec les archétypes sans jamais tomber dans le manichéisme. À y regarder de plus près, il y a même beaucoup de liens en commun entre ses deux projets : sa capacité extraordinaire à capturer des scènes de grande ampleur (la révolte dans l’usine, la séquence du mariage), sa critique acerbe de la société persane, ou encore le malheur des classes moyennes où la drogue est devenue un réconfort ordinaire.
Le titre n’est pas anodin : si le film est choral, c’est bien à la figure féminine de son casting que va principalement s’intéresser Saeed Roustaee. Leila est une jeune femme ayant toujours tout fait pour sa famille, sans recevoir la reconnaissance méritée. Sur ses frêles épaules, c’est presque tout le poids économique de la maison qui s’abat, l’obligeant à ne pas compter ses heures et à multiplier les emplois pour maintenir à flot ses parents et ses quatre frères. Lorsque la crise économique s’intensifie et l’inflation explose, sa responsabilité imposera alors de s’opposer au reste du foyer. Mais être une femme et essayer d’affirmer ses idées est loin d’être aisé, le cercle intime n’étant qu’une incarnation du patriarcat ambiant.
Tragicomédie ultra-maitrisée, "Leila et ses frères" impressionne par son aisance à empiler les passages d’anthologie, constituant sa trame narrative autour de moments clés, étirés sur la durée, mais dont chaque seconde sert le propos et la maestria scénaristique. Au-delà des joutes verbales, ce sont bien des images qui restent en tête, des regards, des visages. Comme cette ouverture où la caméra se rapproche progressivement de ce vieil homme à la peau marquée, clopant au soleil, et dont les yeux semblent nous raconter tous les malheurs de son existence. Fresque sociale féroce, le métrage peut également s’appuyer sur une distribution au diapason, à commencer par Taraneh Alidoosti (connue par ses collaborations avec Asghar Farhadi) pour laquelle un Prix d’interprétation n’aurait pas été volé. À ne pas manquer !
Christophe BrangéEnvoyer un message au rédacteurBANDE ANNONCE
COMMENTAIRES
Aquid
mercredi 6 mars - 3h58
Ce n'ai pas un film, c'est beaucoup plus que ça,
Ma vie à ressemblée à ça (9frères et sœurs), j'ai vécue ce film en direct.
Cela à fais ressurgir mes jeunes années ou j'ai été le pilier de ma famille.
Le réalisateur a du s'inspirer de son histoire, si on ne l'a pas vécu on ne peux pas mettre autant d'intensité dans ce film.
Une film magistral, une tranche de vie, bouleversant.
Pour les cynophiles, vous ne pouvez pas passez à côté de cette OEUVRE !!!
Tout les acteurs sont excellents, mais Leila est possédé par sont personnage.