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SWEAT

Un film de Magnus Von Horn

La solitude de l’influenceuse

Sylwia, jeune femme blonde, svelte et charismatique, donne une leçon de fitness dans un grand centre commercial en Pologne, face à des fans motivés. Il faut dire qu’elle a une certaine notoriété, puisqu’elle est suivie par quelques 600 000 abonnés sur les réseaux sociaux. Courtisée par les marques, comme par les hommes, cela ne l’empêche pas de ressentir une solitude grandissante…

Sweat film movie

Après "Le Lendemain" (2016), le Suédois Magnus von Horn nous revient avec second film choc, décrivant la spirale solitaire dans laquelle s’est engouffrée une jeune femme, devenue une coach sportive en vogue, notamment sur internet. "Sweat" se concentre d’abord sur l’image de son héroïne, dans une scène d’introduction où se multiplient les plans sur ses jambes, moteurs de l’exercice en cours, mais où la caméra se focalise aussi ponctuellement sur une main dans les cheveux ou ses poils sur les bras. Magnifiant ce corps en mouvement et en plein effort, sur une chanson de Roxette fort appropriée ("The Look"), le réalisateur pose aussi rapidement le contraste entre le microcosme effervescent du cours de gym et l’appartement moderne et aseptisé dans lequel Sylwia vit seule.

Initialement estampillé Sélection Cannes 2020, "Sweat", coproduction suédo-polonaise, passé notamment par le Festival de Sarlat en novembre dernier, s’attache aux fissures dans la vie en apparence lisse de son héroïne au physique de mannequin. Derrière les très gros plans sur les détails de son anatomie parfaite, les gros plans lorsqu’elle se filme avec son téléphone, les smileys et les cœurs envoyés en réaction par ses followers, ou l’apparent bonheur provoqué par les produits de démonstration qui lui sont offerts, se cache une routine et une solitude pesantes. Faisant se craqueler progressivement cette façade de bonheur permanent, par quelques rencontres déstabilisantes qui mettent en avant le désir frustré des autres, le récit met à jour peu à peu le droit à la fragilité d’un personnage supposé hors du commun.

Empruntant des chemins psychologiques complexes, le scénario pousse le personnage ainsi dans ses retranchements, renvoyant celle-ci à sa propre image mais aussi à la façon dont les autres (notamment les hommes) la considèrent. Entre superficialité des rares relations qu’elle entretient, pression sexuelle de certains, contacts avec des fans envahissants, et détachement d’amitiés passées, c’est l’humanité même du personnage qui est en jeu. Intelligemment, la mise en scène de Magnus von Horn trouve de plus quelques dispositifs originaux pour traduire dans un premier temps, le rythme imposé à la jeune femme, puis sa déstabilisation progressive. Tout cela, comme le jeu de Magdalena Kolesnik, véritable révélation à suivre, permet de faire de "Sweat" un film en apparence clinique, d’où émane une forme d’humanité salvatrice.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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