Festival Que du feu 2024 encart

MAD GOD

Un film de Phil Tippett

Du jamais vu par un spécialiste de la question

Un assassin plonge au cœur des différentes strates d’un monde infernal, peuplé de créatures mutantes. Arrivé dans une cité reculée, il défie les obstacles, rate sa mission, et se fait capturer. Le calvaire qui l’attend se nourrit d’un suc cauchemardesque hypnotique…

Mad God film movie

Voilà un ovni fou, en l’état parfaitement inattendu de la part de l’un des grands maîtres des effets spéciaux physiques : Phil Tippett. Celui à qui l’on devait déjà un paquet de trucages mémorables pour "Star Wars", "RoboCop" ou "Starship Troopers" (mais aussi de minables débuts de réalisateur avec "Starship Troopers 2" !) aura mis pas moins de trente ans pour achever ce projet cher à son cœur. Et quel est-il ? Ni plus ni moins qu’un gigantesque délire en stop-motion au scénario si inracontable que l’on se sent démuni à l’idée de le décrire. Tentons quand même le coup : avec l’aide d’une lourde cloche de plongée, un énigmatique assassin plonge dans les profondeurs d’une ville en ruines et découvre un monde infernal, labyrinthique, où d’horribles créatures mutantes s’empressent de le capturer et de le soumettre à un authentique calvaire mental. Vous nous excuserez de ne pas aller plus loin en matière de récit, tant la suite, souvent à peine intelligible, fait se télescoper références cinéphiles (de "Planète interdite" à "The Tree of Life" en passant par "2001 l’odyssée de l’espace"), délire steampunk en mode hardcore et hommage viscéral à un cinéma d’horreur peu avare en matières gluantes.

L’art du stop-motion pratiqué par Tippett atteint ici un degré de perfection expérimentale que peu de cinéastes (voire aucun) ont su toucher du doigt, chaque scène ne cessant d’exhiber une virtuosité technique folle et de cultiver un art de l’ascension sensorielle qui nous fait décoller du fauteuil. Certes, le risque d’un film qui s’autogère sans penser à son audience n’était pas à exclure, mais il ne surgit jamais. Stimuler et halluciner sont ici les verbes principaux appliqués à un spectateur qui s’embarque moins dans un film narratif que dans un pur trip métaphysique, façonné par un Tippett à l’imagination dérangeante, en claquage volontaire entre le sublime et l’ignominie. Les arguments nous manquent encore en sortie de projo de cette véritable « hallucination collective » qu’est "Mad God", alors on va faire simple : vous n’avez jamais rien vu de pareil.

Guillaume GasEnvoyer un message au rédacteur

BANDE ANNONCE

À LIRE ÉGALEMENT

Laisser un commentaire