MEMENTO MORI
L'itinéraire d'un ancien prisonnier
Philippe, sorti de prison après 21 ans derrière les barreaux, fait la manche pour survivre. C’est alors qu’il rencontre Anna, une jeune activiste écologiste qui lui demande de l’héberger. Une amitié va se nouer entre eux et pourrait s’avérer dangereuse pour Philippe : à la moindre incartade, il sera renvoyé en prison…
Souviens-toi que tu vas mourir. Si le titre peut paraître énigmatique, le visionnage du film ne permet malheureusement pas d'en saisir le sens. Situé entre le quasi-documentaire, tous les éléments biographiques de Philippe étant vrais (le réalisateur l'a découvert alors qu'il faisait la manche dans une gare) et le drame (l'histoire d'Anna et de son ami au sein d'un groupe d'activiste), le film souffre véritablement d'un mélange des genres. Il ne prend pas le temps d'explorer suffisamment les enjeux qu'il entend présenter successivement et se perd dans leur multitude (la difficile réinsertion et la stigmatisation des personnes sorties de prison, l'activisme écologiste face au danger climatique, l'histoire d'amitié entre Philippe et Anna, l'histoire d'amour entre Anna et son ami...). Tout va trop vite, et finalement le film donne l'impression d'un simple agrégat de volontés, échouant à donner vie à l'ensemble de celles-ci.
Toutefois, si le film peut détonner par des instants presque oniriques dont on peut questionner la portée, le parti pris du réalisateur est véritablement intéressant. Tourner avec un ancien prisonnier, acteur non professionnel, peut s'avérer risqué. Pourtant, il s'agit là d'un pari gagnant. Philippe Larcher dégage un charme et une énergie qui rendent le personnage très attachant, et raconter son histoire d'une manière quasi-documentaire permet de proposer un autre regard sur les prisonniers en général, en insistant notamment sur les difficultés de la réinsertion. La seconde partie du film repose sur l'insertion de Philippe dans un milieu très peu connu : l'activisme écologiste. Mais là encore, faute d’un trop grand nombre d'histoires à raconter, on peut déplorer une certaine superficialité (notamment concernant le lien qui peut être dessiné avec les théories du complot). Le film peine alors à convaincre, tant on alterne rapidement et artificiellement entre deux parcours et deux trames différentes, et ce malgré la présence de Philippe Larcher et la démarche intéressante du réalisateur.
Rédacteur également membre du LYF
Valérian BernardEnvoyer un message au rédacteur