AZURO
Un film tiède irradié par des acteurs solaires
C’est l’été, Sara et Pierre ont dormi sur la terrasse pour trouver un peu de fraîcheur. Avec leur fils de 6 ans, ils vont bientôt descendre dans la crique retrouver leurs amis avec qui ils passent toujours leurs vacances. Au petit bar où ils boivent leur café, un homme les observe. Venu par la mer dans son bateau, il tente de lancer la conversation avec eux…
Sorti en salle lors d'une semaine glaciale où la neige a figé un printemps tout neuf, "Azuro" saisit par son soleil écrasant. Dans la chaleur étouffante d'une crique italienne escarpée séjournent cinq français. Amis depuis longtemps, ils connaissent par cœur les caractères de chacun. Sara et Pierre s'aiment mais restent ensemble principalement parce qu'ils sont parents alors que Gina et Vadim ne s'entendent sur rien mais sont incapables de se séparer. Margot, quant à elle, est la seule célibataire du groupe et semble très bien s'en accommoder vu les couples qui l'entourent.
Adapté du roman "Les petits chevaux de Tarquinia" de Marguerite Duras, "Azuro" peut vite déconcerter. L'amitié usée de cinq bourgeois bohèmes qui noient leur ennui en buvant des verres de Campari dans une crique sans âme n'a rien de réellement captivant. Il faudra l'arrivée de l'Homme pour rompre un tant soit peu la monotonie dans laquelle les protagonistes semblent figés. Sans le montrer réellement, chacun est intrigué par ce sosie de Poséidon jeune arrivé de nulle part dans un hors-bord rutilant. Ce peu d'action est vite stigmatisé par des dialogues un peu trop écrits pour exprimer quelconques sentiments.
Néanmoins le film tente dès le début de porter un regard cynique plutôt plaisant sur ces personnages blasés de leurs propres contradictions. On sourit aisément des réparties de Margot et de l'obstination de Vadim à vouloir manger des spaghetti alle vongole. Malheureusement cette fantaisie ne dure qu'un temps et le film se cantonne vite à une adaptation moderne et sans fard du roman initial.
Seul le casting cinq étoiles arrive alors à sauver le spectateur d'un ennui profond. Chacun des acteurs arrive à passer outre les dialogues pour incarner son rôle à la perfection. Florence Loiret-Caille et Thomas Scimeca diffusent juste ce qu'il faut de fantaisie pour sortir du lot. Maya Sansa et Yannick Choirat donnent assez de profondeur à leur jeu pour ne pas tomber dans la caricature du personnage austère. Quant à Valérie Donzelli et Nuno Lopes, ils dégagent une telle sensualité dans leurs gestes qu'il est difficile de ne pas succomber à leur charme.
Gaëlle BouchéEnvoyer un message au rédacteur