ENTRE LES VAGUES
Deux actrices qui surfent sur la vague des très grandes !
Margot et Alma ont 27 ans, un âge où la plupart de leurs conscrits ont déjà une situation établie, un job stable voire même le début d’une famille. Elles, n’en sont pas là. Elles continuent de rêver, courant après la chimère de devenir actrices. Et elles ne comptent pas abandonner…
Présenté à la Quinzaine des Réalisateurs, "Entre les vagues" interpelle avant tout par son esthétisme, ce bouillonnement visuel, juste reflet de l’énergie dévorante de ses deux protagonistes. Paris est capturé comme le Manhattan du ciné US indé, les effets sont clinquants, assumés, trop colorés sans être kitsch. Et cela est tout sauf le fruit du hasard. Car pour son second long métrage, Anaïs Volpé a opéré un choix fort : faire appel au directeur de la photographie de plusieurs œuvres des frères Safdie ("Mad Love in New York", "Good Time"), Sean Price Williams, et utiliser une caméra numérique imitant le grain de l’analogique, et plus précisément du 16 mm, donnant ainsi une texture singulière au film.
Si les qualités plastiques de cette dramédie sont indéniables, il serait presque intolérable de pas évoquer les prestations incandescentes de Souheila Yacoub et Déborah Lukumuena, tant celles-ci portent tous les ressorts scénaristiques sur leurs épaules. Elles sont Margot et Alma, deux jeunes femmes de 27 ans qui refusent d’abandonner leur rêve, celui de fouler les planches d’un théâtre ou de s’illustrer sur le grand écran. Elles n’ont jamais décroché le moindre rôle notable, mais cela n’a pas d’importance, elles enchaîneront les petits boulots le temps qu’il faudra pour survivre et alimenter leur passion qui n’a pas de prix.
Film électrique et virevoltant, "Entre les vagues" est une ode puissante à la sororité, à l’amitié qui peut unir des êtres et les aider à tout affronter. De cette première partie matérialisée sous la forme d’une nuit exaltante, on retient essentiellement les rires, la joie, la douce folie qui animent deux femmes pour qui la demi-mesure est une erreur ; le pessimisme, un pêché. Avant de sombrer brutalement vers une suite bien plus dramatique. Si les séquences lacrymales et les effets mécaniques tirent l’émotion vers une redondance presque agaçante, en aurait-il pu être autrement pour un projet qui désire tout étreindre, la vie comme la mort, l’art comme la dure réalité du quotidien ? Le métrage a les défauts de ses personnages : en étant profondément entier et sincère, il est parfois trop démonstratif, trop artificiel, pas assez nuancé. Certes, mais cette audace vaut bien le déplacement dans une salle de cinéma !
Christophe BrangéEnvoyer un message au rédacteur