PERDUS DANS L'ARCTIQUE
Un incroyable périple, dont l’intensité faiblit un peu sur la fin
En 1909, un bateau est envoyé dans le Grand Nord, afin de retrouver la trace de l’expédition Danemark, disparue des années plus tôt, alors qu’elle tentait de contrecarrer les visées des États Unis sur le nord du Groenland. Après une première expédition durant laquelle un journal et une carte ont été retrouvés, le capitaine Ejnar Mikkelsen et son second reviennent au navire. Ce dernier devant se faire amputer de plusieurs doigts de pieds, le capitaine lance un appel à volontaire. Seul se déclare un mécanicien, Iver Iversen, qui a une certaine connaissance des chiens de traîneaux. Leur expédition commencera le 10 mars 1910…
Sortie le 2 mars 2022 sur Netflix
Le film débute dans un décor glacé, alors qu’un capitaine et son second reviennent, avec un traîneau, vers un bateau bloqué dans les glaces, dans une certaine urgence, appelant l’opération immédiate du second, dont l’un des pieds est mal en point. Nous sommes ainsi plongés une première fois dans un décors où l’Homme est remis à sa place, face à d’immenses étendues enneigées, mais réchauffés grâce à quelques scènes de fraternité et de dîner, derniers moments de contact avec leurs congénères pour deux hommes qui vont partir pour une expédition de la dernière chance, pouvant au départ durer quelques mois, avant que les glaces de l’automne ne soient trop épaisses pour empêcher le navire de repartir.
L’enjeu est de taille pour le royaume du Danemark puisqu’il s’agit de retrouver les preuves qu’aurait consignées une autre expédition, en espérant que celles ci prouvent que le chenal qui fait dire aux Américains que le Groenland est en fait coupé en deux (justifiant ainsi leurs revendications sur le Nord ouest du territoire) n’existe pas. C’est donc parti pour un périple aux multiples rebondissements qui mènera les deux hommes à plus de 370 km de leur bateau, traversant étendues glacées, secteurs de crevasses, parois de glaces, zones de montagnes à nue, le tout avec deux traîneaux et deux groupes de chiens. Le spectacle et le dépaysement est ainsi au rendez-vous dans la première partie, mettant les deux hommes aux prises avec des notions d’effort physique, de rationnement, mais aussi de sacrifice, le caractère de novice de l’un constituant bien entendu un poids.
La seconde partie du film est un peu moins efficace, mais elle recèle plusieurs rebondissements d’importance, confrontant les deux hommes à l’isolement, à la folie qui guette, et aussi, indirectement aux décisions politiques prises au pays. Si l’aventure est moins spectaculaire, elle implique tout de même des exploits assez incroyables, et une confrontation avec la faune ambiante, aussi affamée qu’eux. L’acteur qui interprète le capitaine, Nikolaj Coster-Waldau (le Jaime Lannister de "Game of Thrones", vue également dans "Gods Of Egypt" ou "L'Epreuve" aux côtés de Juliette Binoche) ne démérite pas, mais sa plongée progressive dans la folie reste un peu trop abstraite (convoquant souvenirs personnels) pour convaincre, et s’avère sans réelle grande tension, comparée à ce qu’avait pu délivrer le duo Robert Pattinson - Willem Dafoe dans "The lighthouse".
Reste une histoire vraie des plus incroyables, montrant l’étendue de la volonté de l’Homme, comme celle des politiques, tout en offrant un véritable dépaysement qui aurait bien entendu mérité le grand écran, afin de mieux apprécier les paysages et leur échelle, face à ces deux hommes perdus dans l’immensité.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur