THE DEATH OF MY MOTHER
La solitude de l’accompagnant
Une jeune femme, Juliane, discute avec homme qui lui indique comment il va aider la mère de celle-ci, Kerstin, malade depuis des années, à mourir, malgré l’interdiction de l’euthanasie en Allemagne. Émue, celle-ci se jette sur le lit une place dans lequel sa mère passera ses derniers jours, une fois qu’elle aura signifié son souhait de ne plus s’alimenter…
Il est de ces sujets que l’on ne peut prendre qu’avec le plus sérieux, ou en tous cas le plus grand respect. Si François Ozon avait osé l’an dernier, avec son cannois "Tout s’est bien passé", faire du sujet de l'euthanasie, une semi-comédie, notamment grâce à un André Dussollier particulièrement inspiré en bougon paralysé par un AVC, c’était pour mieux dédramatiser le sujet. Jessica Krummacher, elle, choisit une position bien plus radicale, en collant au personnage de la fille, celle qui restera, mais qui doit aussi accompagner sa mère vers la mort souhaitée. Un parti pris d’une austérité telle, qu’il crée forcément le malaise, en en montrant sans doute trop, de la souffrance de la mère et donc par ricochet de celle de la fille, faisant flirter le projet avec un certain voyeurisme qui n’est pas des plus sains, mais permet cependant à chacun de se poser certaines questions (notamment à qui bénéficie cette lente agonie : la mère, le futur de la fille, la société campée sur ses positions…).
Pourtant il ressort tout de même de ce projet quelque chose de troublant en termes de capacité à montrer la solitude de celle qui accompagne. Jessica Krummacher construit ainsi, dans une implacable succession de scènes où la chute est progressive, un contexte propre à isoler de plus en plus son héroïne. Entre des balades en forêt, vues au départ comme des respirations, et les moments seule à seule où la communication est parfois difficile, parfois complice, les apparitions d’autres personnes tendent à montrer l’insignifiant, d’un repas au restaurant où Helmut Kohl se rendait régulièrement à une lettre lue provoquant des rires forcés, en passant par le passage d’autres gens dont on ne saura rien. En bref, c’est radical, l’aspect sacrificiel n’est mis en avant que vers la fin, mais même si certaines scènes sont touchantes, l’émotion bouleversante attendue n’est pas au rendez-vous, pas même pour quelqu’un, comme celui qui écrit ses lignes, qui a perdu un proche récemment.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur