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THE TRAGEDY OF MACBETH

Un film de Joel Coen

Bien plus qu’une simple pièce de théâtre au cinéma

Encouragé par la prophétie de trois sorcières, un seigneur écossais fomente un plan pour récupérer le trône…

The Tragedy of Macbeth film movie

Sortie le 14 janvier 2022 sur Apple TV+

Quoi de plus symbolique que l’adaptation d’un classique du théâtre anglais pour terminer en beauté le London Film Festival ? C’est donc en film de clôture qu’est présenté le très attendu "The Tragedy of MacBeth", nouvelle réalisation solo de Joel Coen, cette fois-ci sans son frère au scénario.

Le film adapte donc bien fidèlement la célèbre pièce de William Shakespeare, racontant l’ascension au trône d’Écosse du seigneur Macbeth après qu’il ait commis un régicide. Autant dire qu’en termes de scénario, celui de ce film est donc plutôt bien rodé et fonctionne parfaitement bien. En même temps, venant d’une pièce aussi majeure, cela semble plutôt logique, Joel Coen ayant repris jusqu’aux dialogues même du récit originel. Le film est donc parsemé de longs monologues en vers. Aussi, la question que l’on est en droit de se poser, ceci d’autant plus du fait de la fidélité de l’adaptation, "The Tragedy of Macbeth" de Joel Coen n’est-il qu’une simple pièce de théâtre filmée ? Et bien oui et non…

S’il y a bien une chose qui semble certaine quant aux intentions de Joel Coen dans ce projet, c’est bien l’envie d’expérimentation et non pas de transposition, mais d’adaptation des codes du théâtre au média cinéma. En effet, beaucoup de ses choix de mise en scène rappellent le théâtre tout en étant de vrais choix de cinéma. Ce qui frappera le plus sont évidemment, ce sont les décors, tous semblant être faits en carton-pâte pour évoquer des décors de théâtre. Il y a aussi tout le classicisme cinématographique utilisé par Joel Coen, que ce soit le noir et blanc ou l’utilisation du format 4:3 qui, non seulement enferme les personnages dans leur paranoïa, mais projeté sur un écran de cinéma classique, profite de la présence des bandes noires sur les côtés pour faire écho à la scène. Autre point de mise en scène intéressante et qui démontre cette volonté de marier habilement le théâtre et le cinéma, le cadre et les mouvements de caméra. En effet, si le metteur en scène a énormément travaillé ses cadres en y incluant aussi des plans plus « cinéma » à coups de plongée et contre plongée par exemple, ceux-ci restent pour l’immense majorité fixes, ou alors avec des travellings effectués sur rails, parfaitement stables, qui suivent le personnage à l’écran, mais justement dans le but de garder la même valeur de plan et le même cadrage tout au long du plan.

Enfin, dernier point de mise en scène et de narration : le montage. Joel Coen utilise cet outil une nouvelle fois dans le but de nous rappeler le théâtre, soit avec des transitions en fondu (un écran noir qui apparaît progressivement) pour évoquer les fermetures de rideau, soit au contraire, en passant d’une scène à l’autre en créant une ellipse visuelle mais sans raccord, ce qui fait écho à la multiplicité des lieux présentés sur une seule scène lorsqu’on est au théâtre. On notera aussi, dans la même veine, la quasi absence de musique ou de musique plutôt très intimiste.

Le tout est porté par des prestations d’acteurs très bons dans l’ensemble. Tous arrivent à rendre crédibles leurs dialogues respectifs, sans jamais que cela paraisse factice ou embarrassant, ce qui est tout de même une prouesse, au vu du texte Shakespearien qui ne passe pas toujours très bien transposé sur un grand écran. Pour résumer, "The Tragedy of Macbeth" se révèle être une proposition théatro-cinématographique forte intéressante qui vaut définitivement le coup d’œil.

Ray LamajEnvoyer un message au rédacteur

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