Festival Que du feu 2024 encart

PLACÉS

Un film de Nessim Chikhaoui

Un portrait de groupe, juste et drôle

Elias, étudiant venu des cités, se voit refusé le passage de l’épreuve d’entrée à Sciences Po, du fait de l’oubli de sa carte d’identité. Il accepte alors un boulot temporaire avec des éducateurs, dans une Maison d’Enfants à Caractère Social (MECS), en attendant de pourvoir re-présenter le concours. Mais dans cet endroit, si étranger à lui au départ, il va faire de véritables rencontres…

Placés film movie

"Placés", est le premier film de réalisateur de Nessim Chikhaoui, co-scénariste des "Tuche" (depuis le deuxième épisode), qui s’est inspiré ici de sa propre expérience, puisqu’il a été lui-même éducateur, dans deux structures différentes, pendant au total une dizaine d’années. Alliant comédie et drame, avec un certain sens à la fois du rythme et de la justesse des dialogues et situations, le film regroupe une bande de jeunes interprètes parfaitement castés, incarnant différents profils de « jeunes avec des problèmes » et non pas « à problèmes », comme le répètent certains personnages. On trouve ainsi, côté jeunes, un gars qui bouffe tout ce qui passe à portée de mains, une jeune fille qui joue de son pouvoir de séduction, une autre qui est sur son portable dès qu’elle peut, un auto-proclamé « bogoss », ou encore un jeune homme très nerveux… tous potentiellement menacés d’une « sortie sèche » à l’âge de 18 ans, où ils perdront alors l’accompagnement qui fait la force de cette institution.

Côté éducateurs, emmenés par Philippe Rebbot, parfait de faux détachement dans le rôle du directeur, on trouve toute une bande, dont le metteur en scène s’attache avec bienveillance à montrer l’efficacité comme les problèmes, au travers du parcours d’Elias, qui fait office de « bleu de service » : les gardes de nuits agitées, les fugues, les entorses aux règles, les risques d’attachement ou d’accusations de harcèlement… Mais le scénario en profite aussi pour dépeindre les interférences entre vie privée et implication active dans l’institution, entre l’alcoolisme d’une éducatrice en pleine séparation (Julie Depardieu, qu’on retrouve avec grand plaisir), les découragements des uns, l’éloignement d’autres par rapport à leur proches...

Maîtrisant les montées en tension et mettant au diapason de ces moments une caméra alors très mobile, Nessim Chikhaoui joue les équilibristes, en insufflant des moments de comédie, tout comme une sous-intrigue amoureuse qui pointe son nez dès les premières minutes dans les lieux. Le duo d’interprètes principaux apparaît ainsi d’autant plus séduisant, l’alchimie fonctionnant à merveille entre Shaïn Boumedine (le héros de la trilogie "Mektoub, my love", dont la dernière partie n’est toujours pas annoncée) et Nailia Harzoune ("Patients", "Chouf"). Malgré quelques facilités scénaristiques sur la fin, "Placés" se révèle comme la première comédie sociale de l’année, enthousiasmante, en attendant, pour ceux qui voudraient en savoir plus, le percutant "La MIF", bientôt en salles, et traitant du même sujet.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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COMMENTAIRES

H.chi.

samedi 29 janvier - 11h33

Je pense qu'il a vu juste et naturel qui se dégage du personnage de spahis c'est copie conforme de nessim le realisateur

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