LA SYMPHONIE DES ARBRES
Transmettre la passion
Gaspar Borchardt est un luthier de 57 ans exerçant à Crémone, en Italie. Passionné par son métier, il rêve de façonner un violon dans un bois devenu très rare, capable d’égaler les qualités d’un Stradivarius. Il se lance dans la quête d’un érable particulier, qui n’existerait plus que dans les Blalkans…
"La Symphonie des arbres" est un documentaire norvégien, retraçant la quête d'un luthier italien, dont le rêve d'une vie entière est de réaliser un jour un violon équivalent à ceux fabriqués il y a quelques 300 ans par les maîtres Stradivari ou Guarneri. Montrant à la fois la douce passion de cet homme pour son métier et les difficultés pour trouver l'arbre idéal, le film navigue entre enquête aux divers dangers et récit d’une passion finalement très intime. La valeur d'un Stradivarius est en effet aujourd'hui de 10 ou 12 millions d’euros, et celui que Gaspar Borchardt compte fabriquer à partir du bois très rare de l’érable moiré bosniaque, devrait se vendre quelques 20 000 euros. Sa quête de cet arbre, située de plus dans le contexte particulier de l'ex-Yougoslavie, a donc de quoi attirer les convoitises et provoquer quelques larcins.
Ponctué de quelques scènes de concert, tissant l'intimité du personnage avec la musique, ici incarnée par le talent de Janine Jansen, violoniste hollandaise célèbre que rencontre notre héros, le film fait quelques bonds dans le temps et étale son intrigue sur près de 4 ans. Jansen ayant déjà joué sur au moins deux violons fabriqués par Antonio Stradivari en 1727, elle est aux yeux de Gaspar la parfaite experte pour juger de la qualité de l'instrument qu'il se prépare de réaliser. Et devant nous se noue ainsi une relation complice singulière, entre échanges téléphoniques ou textos, permettant au protagoniste de ne jamais perdre de vue son objectif.
A la fois intrigant et inquiétant lorsqu'il s'agit de contacter des vendeurs de bois méfiants ou découvrant le trésor qu’ils possèdent, ou lorsque l’homme et ses guides pénètrent dans des forêts autant jonchées de mines que ceinturées de regards potentiellement envieux, "La Symphonie des arbres" parvient à faire toucher du doigt la passion presque enfantine de son héros. Quelques scènes relèvent ainsi d’une certaine magie, dans la rencontre compliquée par la langue avec un autre luthier dénommé Mirko, ou le retour auprès de la violoniste pour les fameuses premières notes, l’objet du désir encore dans son étui. Les regards et les silences sont ainsi capturés avec précision, par un documentaire dans lequel seules quelques conversations téléphoniques ont été réinterprétées, et dont les qualités picturale et sonore s’avèrent indéniables.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur