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FRIDA VIVA LA VIDA

Un film de Giovanni Troilo
Avec Asia Argento...

« La douleur se transforme en art »

Figure majeure de l’art mexicain, Frida Kahlo a articulé son œuvre autour de ses propres souffrances, physiques et psychologiques. Ce documentaire explore les multiples facettes de cette artiste singulière…

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L’Italien Giovanni Troilo est un spécialiste des documentaires sur l’art, pour le cinéma ou la télé. Avec Frida Kahlo, il s’attaque à une artiste dont la vie est si riche, mouvementée et passionnée, qu’elle a tous les ingrédients pour être un sujet cinématographique – on peut ainsi s’étonner qu’il n’y ait eu que deux adaptations de sa vie sur grand écran : "Frida, nature vivante" de Paul Leduc en 1986 (longtemps inédit en France) et "Frida" de Julie Taymor en 2002, bien plus célèbre que le précédent. Si les documentaires sont plus nombreux, Troilo opte quant à lui pour une forme un peu hybride, en tentant de mélanger rencontres, images d’archives et mises en scène diverses.

Globalement, le film s’avère plutôt habile pour articuler la vie et l’œuvre de Frida Kahlo, en insistant notamment sur le concept de dualité, ce qui permet de prendre la mesure de la richesse et de la complexité de cette personnalité. Disséquant les problèmes de santé de la Mexicaine et sa vie conjugale tumultueuse avec l’artiste Diego Rivera, le métrage prend aussi le temps d’analyser certaines de ses peintures et leur symbolique, d’expliquer les références de l’artiste et le contexte personnel ou politique. Il propose également deux pas de côté pertinents, l’un sur un peintre d’ex-voto, l’autre sur la société matriarcale zapotèque de Juchitán, bien intégrés à l’ensemble malgré le risque évident de digression. Bien qu’admiratif du legs artistique et politique de Frida Kahlo, "Frida viva la vida" n’est pas pour autant béat et laisse la place ponctuellement à un regard critique, avec une intervenante qui questionne le féminisme de l’artiste en estimant qu’elle était soumise à Diego Rivera.

Le film se montre en revanche bien moins convaincant pour ses effets de mise en scène. La narration d’Asia Argento, en voix-off ou face camera, est tantôt ténébreuse tantôt ampoulée. Des moments très voire trop lents contrastent avec des passages tellement rythmés qu’on peine à les digérer. Mais le principal problème réside dans des séquences se voulant métaphoriques et poétiques, mais qui s’avèrent surtout pesantes par leur artificialité et leur quasi inutilité. On voit ainsi, très régulièrement, deux femmes différentes incarner la dualité de Frida Kahlo en occupant des lieux variés (une chambre, une forêt, un tunnel…), parfois en dansant, parfois en déambulant de façon statique. Ces scènes sont empreintes d’un mélange de naïveté et de prétention artistique qui ne font pas honneur aux autres aspects du film.

Saluons pour finir les compositions variées de Remo Anzovino, dont nos oreilles peuvent profiter en-dehors du visionnage puisque la BO a été éditée et qu’elle est disponible sur les plateformes légales de musique en streaming. Les morceaux électro ont le même défaut que certains choix démonstratifs de la réalisation et tranchent parfois avec le contenu du film ("Mantra", "Aztec", "Fiesta", "Fire"), mais la BO se montre globalement capable de générer des émotions en ayant recours à des instruments variés (piano, guitare sèche, violons, trompette). On retiendra notamment le vibrant "Frida viva la vida", l’entraînant "Walking in Mexico" ou encore la chanson du film, "Yo te cielo", intitulée ainsi en référence à un écrit de Frida Kahlo.

Raphaël JullienEnvoyer un message au rédacteur

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