LES MAGNÉTIQUES
Des radios libres au service militaire, une jeunesse sous Mitterrand
Jérôme est animateur d’une radio libre et son frère Philippe en est le technicien. Ils vivent dans un petit village gris et triste, avec leur père célibataire. Jérôme amène dans le foyer Marianne, une belle étudiante, dont Philippe tombera amoureux. Mais au lendemain de la victoire de Mitterrand, en 1981, celui-ci doit partir faire son service militaire. Envoyé en garnison en Allemagne de l’ouest, il recevra un message de Marianne, lui laissant entendre que l’attirance est réciproque…
Si plusieurs films ont déjà pris comme point de départ l’euphorie de la victoire de Mitterrand pour mieux souligner les désillusions qui s’en suivirent, celui-ci a une saveur particulière. Le soir de la victoire du président socialiste, tout le monde est heureux, sauf Philippe, qui lui était « à fond pour Giscard ». De politique il ne sera pourtant plus question par la suite, ni de sa part ni de celle des autres. Il s’agira surtout de montrer le décalage du personnage par rapport à son entourage et en particulier par rapport à son frère. Autant Jérôme, l’aîné, est charismatique, flamboyant et désinvolte, autant l’autre est réservé, timide et travailleur. Mais le talent virtuose de ce dernier pour la technique radio lui permettra de briller et d’attirer l’attention de Marianne, la belle compagne de son frère.
Tous les deux sont coincés dans leur petit village sans charme, travaillant sans passion dans le garage de leur père. L’évènement qui bouleversera ce morne quotidien ne sera pas l’élection mais l’heure venue du service militaire. Malin et culotté Jérôme réussira à y échapper en se faisant passer pour un fou, tandis que son frère n’y parviendra pas. Mais ce départ contraint se révélera être sa chance, en lui donnant l’occasion de partir à l’aventure et de faire les bonnes rencontres. Son frère en revanche sera pris à son propre piège, contraint de rester enfermé chez lui, en s’abîmant dans l’alcool.
"Les magnétiques" est un beau film désillusionné, qui a le bon goût d’éviter les clichés des séquences militaires et de plutôt mettre en valeur les scènes d’enregistrement radiophoniques, de manière plus ou moins fantasque. Saluons surtout la prestation touchante de Thimotée Robart, qui interprète le héros et qui est promis à un bel avenir.
David ChappatEnvoyer un message au rédacteur