ORANGES SANGUINES
Quand la comédie Française rencontre "Délivrance"…
Un couple de retraités participe à un concours de danse dans l’espoir d’éponger ses dettes, un ministre tente d’étouffer une affaire de fraude fiscale et une jeune vierge s’apprête à vivre sa première expérience sexuelle… Pendant ce temps, un psychopathe s’apprête à entrer en scène !
Très curieux fruits que ces oranges sanguines. Tout commence avec une comédie française à sketch, un peu brouillonne, mais très drôle. Nous découvrons plusieurs personnages qui semblent, pour la plupart, ne rien avoir en commun, mais nous les suivront dans des situations assez cocasses, évoquant des thématiques sociales fortes. Nous découvrons les coulisses d'un concours de danse, les magouilles d'un homme politique, la première expérience sexuelle d'une jeune fille, les ennuis financier d'un couple de retraités... Denis Podalydès et Blanche Gardin y font de savoureuses apparitions.
On ne sait pas où l'on va, mais c'est très agréable. Jusqu'à ce que tout dérape ! Nous basculons subitement dans la deuxième partie, avec un plan surréaliste nous montrant un homme étrange en train de donner à manger à un porc dans son salon… Le changement d'ambiance est brutal et fera dérailler l'histoire vers des perspectives beaucoup plus sombres. Ce plan troublant ne nous dit encore rien de la suite, mais il en donne le ton visuel. Une parenthèse marquée par une image aux couleurs et au décor stylisés qui évoque instantanément les premiers films de Gaspard Noé et Jean-Pierre Jeunet, entre "Seul contre tous" et "Delicatessen". On comprendra tout de suite que l'homme ayant fait irruption est peu recommandable. Les personnages se rejoindront progressivement et leur destin basculera, parfois de manière spectaculaire. On verra alors que ces oranges sanguines sont finalement bien les héritières des oranges mécaniques...
Aussi amusant dans sa première partie que choquant dans la seconde, ce film est un objet hybride fascinant, original et inattendu. Le mélange des genres aurait pu gâcher l'ensemble, mais ce n'est pas le cas. C'était un pari audacieux pour un cinéaste courageux !
David ChappatEnvoyer un message au rédacteur