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MANY SAINTS OF NEWARK - UNE HISTOIRE DES SOPRANO

Un film de Alan Taylor

Ce n’est pas toujours dans les vieux pots qu’on fait la meilleure soupe !

Avant de devenir le grand Tony Soprano, le futur criminel a d’abord été un adolescent fasciné par les combines de son oncle Dickie. Mais nous sommes à Newark, en 1967, et de terribles émeutes secouent la ville. C’est dans ce contexte particulier que le jeune garçon va faire ses armes…

Many Saints of Newark - Une histoire des Soprano film movie

Lorsqu’un objet télévisuel est devenu une œuvre culte, il est toujours difficile de lui donner une suite sur grand écran. Alors que "Luther" s’apprête à prendre ce risque, et que "Breaking Bad" nous avait grandement échaudé avec le fade et insipide "El Camino : Un film Breaking Bad", voici qu’une nouvelle série iconique des années 2000 veut son heure de gloire cinématographique. Comme l’ajout français au titre original le suggère, "Many Saints of Newark - Une histoire des Soprano" poursuit la mythologie imaginée par David Chase autour de la famille mafieuse du New Jersey.

Prequel à celle que nombreux considèrent comme la « meilleure série de tous les temps », le réalisateur Alan Taylor ("Thor : Le Monde des ténèbres", "Terminator Genisys" – oui c’était peu rassurant) capture le Newark de la fin des années 60, à une époque où le jeune Tony Soprano n’est encore qu’un gamin rondouillard, bien loin de la légende du crime qu’il sera ultérieurement. Si David Chase, au scénario et particulièrement impliqué sur le tournage, assure la caution de la cohérence narrative, le film ne s’avère qu’un fidèle hommage au TV Show, sans autre ambition que de redonner une jeunesse à des personnages ineffaçables de la sériephilie mondiale.

Et malheureusement, c’est bien là le pire honneur qui pouvait être rendu aux Soprano, se contenter du rien, de l’insignifiant, du à peu-près. Lorsque le programme de HBO impressionnait par sa chirurgie scénaristique et fascinait par la qualité des dialogues et de sa mise en scène, le métrage n’est que l’ombre de cet illustre modèle, un drame mafieux quelconque où les saynètes s’enchaînent pour accorder le maximum de temps à l’écran à chacun. Là où ces petits moments de vie individuels font sens sur un format long de plusieurs heures, ils annihilent complètent la tension et l’intérêt du film, celui-ci se devenant un pot-pourri de sous-intrigues et une mosaïque indigeste de protagonistes à la caractérisation sommaire.

Sans parti-pris, "Many Saints of Newark - Une histoire des Soprano" ne traite aucun de ses sujets, ni des émeutes violentes de Newark, ni de la montée en puissance d’un adolescent dans le crime organisé, et encore moins du destin et des péripéties de tous les êtres rencontrés sur ce chemin et sur lesquels la caméra s’obstine à s’attarder quelques minutes. Si les fans pourront être ravis d’en apprendre un peu plus sur leurs héros d’hier et leurs compagnons de route brièvement évoqués dans l’œuvre originelle, les néophytes ne devraient pas trouver grand intérêt à cet ersatz de "The Irishman". En reprenant les codes d’écriture de la série télé sans bénéficier de sa durée d’exposition, le film tombe dans le principal piège… Drôle d’ironie pour un projet inspiré d’un show loué pour ses qualités de « cinéma » !

Christophe BrangéEnvoyer un message au rédacteur

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